Adolescents violeurs : un travail de prévention est possible (Illustration) (GETTY IMAGES / PHOTOALTO)

Adolescents violeurs : un travail de prévention est possible (Illustration) (GETTY IMAGES / PHOTOALTO)

Trois adolescents ont été mis en examen, le 19 octobre dernier, pour un viol en réunion sur une jeune fille de 13 ans. Les faits se sont déroulés en mars 2019, et les agressions ont été filmées et ont circulé sur les réseaux sociaux. Pourquoi des adolescents deviennent-ils des violeurs et comment expliquer de telles agressions ? 

Trois adolescents, de 14 à 16 ans, ont été mis en examen, à Toulouse, pour "viols en réunion", sur l’une de leurs camarades de collège. Les faits se sont passés au mois de mars, alors que la jeune fille n’avait que 13 ans. Elle ne serait pas leur seule victime, et elle n’a pu parler qu’après qu’un ancien membre de l’équipe éducative, qui avait vu circuler, sur les réseaux sociaux, des vidéos des agressions, a alerté ses parents. La psychanalyste Claude Halmos explique qu'un travail de prévention est possible. 

franceinfo : comment peut-on expliquer de telles agressions ? Est-ce que, dans ce domaine, un travail de prévention est possible ?

Claude Halmos : Un travail de prévention est possible, parce que les adolescents qui violent ne sont pas nés violeurs, ils le sont devenus. Et ils ne le seraient pas devenus - c’est essentiel de le rappeler - si on leur avait donné les repères dont ils avaient besoin.

De quels repères s’agit-il ?

De repères, d’abord, dans le domaine de la sexualité. Un enfant a besoin d’avoir, très tôt, des informations, sur le corps et la sexualité. Mais aussi sur les règles qui régissent cette sexualité : l’interdit de l’inceste, celui de la sexualité entre adultes et enfants ; et le fait que, chez les humains, le partenaire n’est pas une proie : on ne peut avoir des relations avec lui que s’il en a le désir.

Ces explications lui permettent de comprendre que la sexualité n’est pas une jungle où chacun fait ce qu’il veut. Et lui montrent, de plus, qu’elle n’est pas un sujet tabou, et que l’on peut en parler avec lui. Mais cette éducation sexuelle ne suffit pas.

Pourquoi cette éducation sexuelle ne suffit-elle pas ? 

Parce que ne pas imposer une relation à un (ou une) autre suppose de pouvoir contrôler ses pulsions. Et on ne peut pas contrôler, à 15 ans, ses pulsions sexuelles si l’on a vécu, depuis que l’on est petit, dans tous les autres domaines, sans limites, et selon son bon plaisir.

Le respect de l’autre, dans la sexualité, n’est qu’une déclinaison du respect de l’autre en général. Il n’est pas inné, l’enfant doit l’apprendre. C’est difficile pour lui, parce que cela l’oblige à renoncer à son fonctionnement initial (normal), qui est fondé sur la toute-puissance et le principe de plaisir. Et il ne peut l’apprendre que si ses parents l’éduquent, et lui donnent, par la façon dont ils le traitent, traitent les autres, et se traitent mutuellement, l’exemple du respect.

Beaucoup de parents mettent en cause la pornographie et internet…

La pornographie est, pour les enfants, un danger majeur. Mais on sait qu’elle ne va pas disparaître demain. Il faut donc, sachant que les enfants vont devoir faire face à ce danger, leur donner une éducation qui leur permette d’y résister. C’est-à-dire une éducation, plus rigoureuse que jamais, sur les règles qu’un être humain doit respecter, pour se conduire en civilisé : le respect de l’autre, cela ne se discute pas.
Et il faut aussi, puisque l’on sait que toutes les familles ne donneront pas cette éducation, que l’école y participe.

Ce qui vient de se passer à Toulouse, par exemple, devrait être maintenant, dans un but de prévention, discuté avec tous les élèves, dans tous les collèges.

 

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