Près de 500 migrants entrent chaque jour en Algérie, selon l’OIM
28 nov. 2019L’OIM en Algérie affirme que près de 500 migrants arrivent quotidiennement sur le territoire algérien, rendant les conditions d’accueil plus difficiles. L’organisation tente de favoriser les retours volontaires en partenariat avec le gouvernement algérien. Ils ont triplé depuis 2018.
Interrogé par InfoMigrants, le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Algérie a confirmé que le pays voyait arriver chaque jour 500 migrants irréguliers, précisant qu’il s’agit d’estimations.
L’Algérie "reçoit quotidiennement plus de migrants que toute l’Europe", avait déclaré Paolo Giuseppe Caputo dans une interview donnée lundi 18 novembre au quotidien algérien Le Soir d’Algérie. Le chef de mission de l’OIM à Alger avait affirmé que "selon les statistiques du gouvernement algérien, qui a la souveraineté sur ses frontières, une moyenne de 500 personnes entrent chaque jour de manière irrégulière sur son territoire".
Il décrit l’Algérie comme une "une plaque tournante de l’immigration". "Récemment plusieurs sources nous ont affirmé que chaque lundi, ce sont cent pick-ups qui partent depuis le marché de Niamey vers l’Algérie. Chacun transporte au moins 25 migrants irréguliers. Il s’agit d’un flux organisé par des trafiquants. Une partie de ces migrants restent en Algérie, les autres partent en Libye et au Maroc", a-t-il précisé à InfoMigrants.
Aller en Algérie pour se soigner
Parmi ces migrants, explique Paolo Giuseppe Caputo, une partie vient se soigner en Algérie. "Ces personnes sont acceptées au même titre que les Algériens au sein des structures de santé publique et disposent d’une prise en charge de façon gracieuse". De ce fait, beaucoup de femmes viennent accoucher en Algérie, d’après l’OIM.
"Dans le sud du pays, des migrants atteints de maladies chroniques ou du VIH viennent faire des bilans de santé. Pour certains c’est un déplacement très familier, qui intervient tous les 3 à 6 mois, nous ont indiqué des médecins", ajoute Nourhane Hussein de l’OIM.
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La plupart des migrants arrivés en Algérie depuis janvier 2019 sont originaires du Mali et du Niger. Des Guinéens (Conakry), des Ivoiriens, des Camerounais, des Sénégalais, des Sierra-léonais, des Béninois et des Nigérians prennent aussi la route pour l'Algérie. D’après les statistiques internes de l'organisme onusien, la majorité sont des hommes venus pour travailler.
"L’économie algérienne est bien plus forte que les pays subsahariens, elle offre de nombreuses opportunités pour gagner de l’argent et le pays présente une politique d’accueil historique avec des bourses d’études. L’immigration vers ce pays n’est pas nouvelle", souligne Paolo Giuseppe Caputo. Toutefois, les conditions de vie des migrants arrivés récemment sont rendues "plus difficiles" dans les camps au niveau des "conditions d'hygiène", du fait de la multiplication des arrivées.
Assistance humanitaire aux migrants abandonnés dans le désert
Depuis 2016, l’Algérie est régulièrement accusée par l’ONU et plusieurs ONG (Médecins du Monde, Human Right Watch…) de maltraiter les migrants subsahariens subsahariens, expulsés en masse à la frontière Sud, où ils sont abandonnés en plein désert.
Au cours des six premiers mois de 2019, presque 5 000 personnes ont été arrêtées puis expulsées à la frontière entre l’Algérie et le Niger, affirmaient des sources associatives en août 2019.
"C’est quelque chose dans lequel l’OIM n’est pas impliquée", tient à préciser Paolo Giuseppe Caputo, qui affirme que "les retours à la frontière continuent".
L’OIM, qui est chargée de fournir une assistance humanitaire aux migrants dans le besoin gère deux centres d’accueil à Alger (à Dar-el-Beïda et à Bab-el-Oued). L’organisation dispose également d’une base nigérienne à Assamaka, proche de la frontière avec l’Algérie, où elle fournit des produits de première nécessité, des soins et une aide administrative aux migrants en détresse. Ce village frontalier est considéré comme le point d’entrée côté nigérian des migrants expulsés par l’Algérie.
Objectif de 800 retours volontaires en 2019
"Ce que nous essayons de favoriser en étroite collaboration avec l’Etat algérien, ce sont les programmes de retour volontaire et de réintégration dans les pays d’origine", indique Paolo Giuseppe Caputo.
Ces retours volontaires ont triplé depuis 2018, passant de 221 à environ 600 cas de janvier à la mi-novembre 2019. Ils concernent principalement des Nigériens. Des vols groupés ont été organisés vers le Niger et le Mali. Une prochaine opération de retour volontaire est prévue le 28 novembre vers Niamey, ce qui devrait porter le nombre de migrants concernés à 800 personnes.