Tortue de mer à la surface de l'eau à Olowalu, comté de Maui dans l'état d'Hawaï (océan Pacifique) © Getty / Tor Johnson

Tortue de mer à la surface de l'eau à Olowalu, comté de Maui dans l'état d'Hawaï (océan Pacifique) © Getty / Tor Johnson

A la COP25 à Madrid, les participants doivent se pencher sur le sort des océans. Un rapport publié opportunément alerte les dirigeants de la planète, sur le manque d'oxygène croissant dans les fonds marins.

L'océan commence à manquer cruellement d'oxygène selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, l'UICN.  Les chercheurs avaient déjà montré que les océans s'étaient acidifiés, à cause des émissions de CO2 liées aux activités humaines, ils pointent cette fois du doigt, les effets néfastes du manque d'oxygène  sur les poissons notamment.

Le rapport, basé sur les travaux de 67 experts et présenté comme le plus important à ce jour sur ce sujet, se penche sur ce phénomène mal connu. Il en ressort que cette perte d'oxygène "constitue une menace croissante pour la pêche et certains groupes d'espèces comme les thons, les marlins et les requins", avertit l'UICN, qui fait référence pour les espèces menacées avec sa "liste rouge".  "Au fur et à mesure que les océans perdent leur oxygène, en se réchauffant, l'équilibre délicat de la vie marine se fragilise", avertit Grethel Aguilar, directrice générale par intérim de l'UICN.  

Pour limiter la perte d'oxygène dans les océans, parallèlement aux autres effets dramatiques des changements climatiques, les dirigeants mondiaux devraient donc, selon les experts, s'engager à réduire immédiatement et de manière substantielle leurs émissions. Le Chili, qui préside cette réunion délocalisée en Espagne, a promis de mettre l'accent sur les océans.  

La baisse du taux d'oxygène s'accélère

La désoxygénation s'explique principalement par deux phénomènes : 

- l'eutrophisation (prolifération de certains végétaux, en général des algues) due au ruissellement des nutriments provenant des continents et aux dépôts d'azote provenant de l'utilisation de combustibles fossiles

- le réchauffement des eaux océaniques dû au changement climatique, alors que les océans absorbent en partie les émissions de gaz à effet de serre générées par les humains.  

A l'échelle mondiale, le taux d'oxygène dans les océans a diminué d'environ 2% entre 1960 et 2010, selon le rapport.  Ils pourraient encore perdre 3 à 4% de leurs stocks d'oxygène d'ici à 2100 si les émissions continuent à croître au rythme actuel, "la majeure partie de cette perte se concentrant dans les premiers 1.000 mètres de la colonne d'eau, où la richesse et l'abondance des espèces sont les plus élevées", avertit le rapport.   

Environ 700 sites à travers le globe, souvent sur des côtes et dans des mers semi-fermées, souffrent de faible teneur en oxygène, contre 45 dans les années 1960. 

Plus de méduses, et moins de poissons

"Au cours de la même période, le volume des eaux anoxiques dans les océans mondiaux, c'est-à-dire des zones complètement vides d'oxygène, a quadruplé", selon le rapport.  Cette diminution de la teneur en oxygène des océans a déjà commencé à modifier l'équilibre de la vie marine, favorisant les espèces tolérantes à l'hypoxie (les microbes, les méduses et certains calmars) au détriment d'espèces sensibles à l'hypoxie (comme de nombreuses espèces marines, dont la plupart des poissons).

Certaines zones océaniques très riches en poissons consommés par l'homme doivent leur existence à des courants océaniques riches en nutriments mais sont pour autant pauvres en oxygène, ce qui les rend "particulièrement vulnérables aux changements, même minimes", selon les auteurs.   

Certaines espèces cruciales pour la pêche, comme les thons, les marlins et les requins, sont également particulièrement sensibles à une faible teneur en oxygène en raison de leur grande taille et de leurs besoins énergétiques élevés. Elles risquent de se retrouver acculées dans des couches de surface de plus en plus fines d'eau riche en oxygène et être ainsi encore plus exposées à la surpêche.  

D'autres espèces, comme celles vivant au fond des eaux, les varechs, les macroalgues, les coraux, les herbiers marins, les mangroves, les poissons, le plancton, les mammifères marins sont aussi concernées, énumère l'UICN, même s'il est parfois difficile de mesurer les impacts.  

La santé des océans sera le sujet numéro 1 du congrès mondial de l'UICN, en juin prochain à Marseille.  Les chercheurs attendent des décisions fortes de la part des Etats pour protéger les ressources marines. 

 

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