Homélie du 1er janvier 2020, fête de Sainte Marie, Mère de Dieu
31 déc. 2019Le Sommeil de l'Enfant Jésus de Giovanni Battista Salvi, dit SASSOFERRATO (1609-1685) Musée du Louvre
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,16-21.
« En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception. »
Homélie
Sainte Marie, Mère de Dieu – 1er janvier (vœux) – Journée mondiale de la paix. Alors ce sont forcément des vœux de paix. A commencer par un extrait du message du pape François : « Si les droits de l’être humain sont sauvegardés, de même que l’égale dignité de tous sans discriminations ni distinctions, la non-violence comme méthode politique peut alors devenir une voie réaliste pour le dépassement des conflits armés. Dans cette perspective, il est important que l’on reconnaisse toujours davantage la force du droit au lieu du droit de la force. »
Aujourd’hui, en célébrant Marie, nous célébrons l’Église qui porte en elle le Christ, comme Marie a porté Jésus. Si l’Église porte en elle le Christ, elle doit témoigner du Dieu de Paix que le Christ a fait connaître. Les premiers annonceurs furent les bergers, ceux que souvent on marginalisait : “Après avoir vu l’enfant…, les bergers racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant” (Luc 2, 17). Et ils furent tellement convaincants que saint Luc ajoute : “Tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que racontaient les bergers” (Luc 2, 18). Alors je vous propose trois questions pour nous : Qui sont les bergers d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’ils annoncent ? Quels vœux formuler en ce premier jour de l’année 2020 ?
Qui sont les bergers d’aujourd’hui ? Au temps de saint Luc, les bergers étaient considérés comme de pauvres marginaux. C’est pourtant à eux que l’ange annonce en premier la naissance de Jésus : (texte de noël) “Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle… : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur” (Luc 2, 10-11). Ça veut dire une fois de plus que Dieu a un faible pour les petits et les mal aimés.
Quelle Bonne Nouvelle annoncent les bergers ? Ils annoncent quelque chose de neuf. C’est pour ça que tout le monde est étonné. En effet, pour que le message soit bonne nouvelle, il doit être neuf pour parler à un monde qui change. Saint Paul dit que la Bonne Nouvelle est chaque jour neuve, comme chaque matin est tout neuf pour l’enfant qui court dire bonjour à son papa. Nous sommes, dit-il, fils et filles de Dieu, habités de l’Esprit de Christ qui nous invite à appeler Dieu : “Abba !” (Ga 4, 6), c’est à dire Papa.
Quels vœux formuler aujourd’hui ? Pourquoi ne pas utiliser la belle formule de bénédiction du livre des Nombres (1ère lecture d’aujourd’hui) :
- “Que le Seigneur te bénisse et te garde !” (Nombres 6, 24) Le dominicain Léon Paillot dit que Bénir, en latin, signifie dire du bien. Mais que le mot bénédiction a une origine arabe qui se réfère à la force vitale de la fécondité. Ça veut donc dire qu’en bénissant quelqu’un, nous sommes responsables de la qualité de sa vie, de sa dignité. Sinon, la bénédiction de Dieu reste sans effet. Dieu a besoin de nous pour bénir.
- “Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage !” (Nombres 6, 25). Il s’agit d’être visage de Dieu pour les autres, visage souriant qui fait du bien et qui donne à espérer un avenir meilleur.
- “Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !” (Nombres 6, 26). La paix biblique, le shalom, c’est l’harmonie avec soi et les autres. Dieu ne peut la faire sans nous. Alors faisons-la… Et nous aurons de belles surprises, si l’on en croit François Varillon dans son livre La parole est mon Royaume : “Quand je fais mon travail d’homme qui est d’humaniser les relations entre les personnes, le Christ fait son travail de Dieu : il divinise ce que moi j’humanise.”
“Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage !” C’est possible parce que chaque humain a quelque chose de beau en lui. Ecoutez cette petite parabole : Il y avait un énorme bloc de pierre informe qui défigurait la place du village. On ne savait même plus d’où il venait. Ce fut décidé : il faut l’enlever. Un sculpteur passa par là et apprit la nouvelle. Il proposa : « Je peux faire de ce rocher une œuvre d’art dont vous serez fiers. » Marché conclu. Pendant des semaines, derrière la palissade qui entourait le bloc, on l’entendit travailler. Enfin on put dévoiler la sculpture et l’on découvrit un magnifique cheval. Applaudissements… Un enfant interrogea le sculpteur : “Comment savais-tu qu’il y avait un cheval dans ce bloc de pierre ? »
Robert Tireau, Prêtre du Diocèse de Rennes