Homélie du dimanche 2 février 2020
27 janv. 2020Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2,22-40
« Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin
sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir
le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :
un couple de tourterelles
ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.
C’était un homme juste et religieux,
qui attendait la Consolation d’Israël,
et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce
qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus
pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras,
et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant
s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit,
puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.
Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – :
ainsi seront dévoilées
les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Elle était très avancée en âge ;
après sept ans de mariage,
demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de 84 ans.
Elle ne s’éloignait pas du Temple,
servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu
et parlait de l’enfant
à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé
tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui. »
Homélie
Le 2 février, c’est la Chandeleur, la fête des chandelles. À l’époque des Romains, c’était une fête en l’honneur du dieu Pan. Toute la nuit, les dévots de cette divinité païenne parcouraient les rues de Rome en agitant des flambeaux. Au cours de ces farandoles, on mangeait des galettes de céréales en l’honneur de Proserpine pour obtenir d’elle la fertilité de la terre. Cette pratique s’est maintenue jusqu’à nos jours dans la tradition des crêpes de la Chandeleur !
En 472, le pape Gélase 1er décida de christianiser cette fête en la faisant coïncider avec la célébration de la Présentation de Jésus au Temple, fête de la lumière en raison de la parole du vieillard Siméon, qui voit dans l’Enfant « la lumière qui éclaire les nations »
Le 2 février, nous célébrons la présentation de Jésus au Temple. Joseph et Marie, fidèles observateurs de la Loi, viennent au Temple pour offrir à Dieu leur fils premier né. Au moment de la naissance, on déposait le bébé sur les genoux du père qui le reconnaissait alors comme son enfant. En présentant Jésus à Dieu dans le Temple, c’est comme si ses parents le déposaient sur les genoux de Dieu pour qu’Il le reconnaisse comme son Fils.
Fête de la lumière, fête du fils de Marie et de Joseph et fête du Fils de Dieu qui dira quelques années plus tard. ‘’Je suis la lumière du monde : celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie’’. Jn 8/12
Le Livre du prophète Malachie, d’où est tirée la première lecture de ce dimanche jette un regard très critique sur les prêtres de l'époque qui exerçaient dans le Temple de Jérusalem. Il dénonce les magouilles, les fraudes, les injustices. Il dit que tout cela ne va pas durer, que le mal n’aura pas le dernier mot. Dieu enverra un messager pour mettre fin à ce scandale. Évidemment, Malachie se limitait à une restauration du culte dans le Temple.
Plus tard, Jésus, homme et Dieu, Lumière du monde, annoncera, lui, la destruction du Temple. Et ses disciples comprendront que le nouveau temple que Jésus veut purifier et édifier, c'est chacun de nous, hommes et femmes devenus fils et filles de Dieu. La lettre aux Hébreux (2ème lecture) insiste avec force, elle aussi, sur le mystère de Jésus qui a voulu partager avec nous "la condition humaine". Il a voulu être solidaire de nous jusqu'à l'extrême. Il n'a pas échappé à la mort qui fait partie de notre condition. Mais cette destinée ne s'est pas arrêtée à la mort. Jésus appartient pleinement à la famille humaine et pleinement à la famille de Dieu ; de ce fait, il est celui qui ouvre les portes du temple céleste. Désormais avec lui et en lui, les frères de Jésus ont accès à Dieu lui-même.
Jésus "lumière des nations". Nous vivons dans un monde qui perd ses repères. Chaque jour, les médias nous en donnent de tristes exemples. Nous avons bien mieux à faire que de nous lamenter : comme le vieillard Siméon, nous sommes appelés à montrer Jésus au monde. Nous avons une obligation de témoignage. Comme le dit notre pape François : ‘’La joie dans l’Évangile’’ (n°259), Jésus veut des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu’’
Le principal travail c'est Dieu qui le fait dans le cœur de chacun. Nous ne sommes jamais causes des conversions dont nous sommes témoins. Tout au plus des occasions. C’est Jésus, Lumière du monde et l’Esprit qui travaillent au cœur des hommes et les rend libres. Alors, nous pouvons dire comme Siméon : "Mes yeux ont vu ton salut que tu préparais à la face des peuples." L'Ancien Testament nous a révélé un Dieu qui a fait alliance avec un peuple, le peuple choisi. Avec Jésus, cette alliance s'élargit : elle n'est pas offerte au seul peuple élu mais à tous les peuples du monde. Grâce au Christ, c’est avec l'humanité tout entière que Dieu fait alliance.
Nous avons tous à témoigner de cette bonne nouvelle. En ce jour de fête, que naisse et grandisse en nous le désir de rencontrer Jésus et de nous laisser transformer par la Lumière qui est en lui. Nous le rencontrons dans la liturgie qui nous fait parcourir les étapes de sa vie. Nous Le rencontrons aussi dans les sacrements : le baptême, le sacrement du pardon. Mais surtout, dans l'Eucharistie : "source et sommet de toute vie chrétienne" (Concile Vatican II) "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui." (Jn 6. 56)
Nous sommes tous invités à prendre l'enfant Jésus dans nos bras pour l’adorer et le faire connaître autour de nous. Le Salut n'est une simple théorie mais quelqu'un qui nous révèle la tendresse de Dieu pour les hommes. Il compte sur nous. A la fin de chaque messe, nous sommes envoyés pour le montrer et le faire connaître.
Cette mission nous concerne tous, quel que soit notre âge. Mais la rencontre de Siméon et d’Anne nous montre l'importance des "seniors" dans la transmission de la foi. Beaucoup d'enfants, de nos jours, n'ont entendu parler de Jésus que par leurs grands-parents. Le renouveau de l’Église dépend aussi des plus âgés de ses membres. Ils peuvent être prophètes de l’Espérance comme le vieux Siméon et Anne, la veuve de quatre-vingt-quatre ans.
« Seigneur, envoie ton Esprit Saint : qu’il fasse de nous des témoins de la Lumière, des apôtres de Jésus auprès de tous ceux qui, dans les pays de l’ombre et de la mort attendent de devenir libres à la Lumière de ton Jour. »
+Roland Chesne
Prêtre du Diocèse d’Evreux
1926 - 2018