Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie assassiné le 16 octobre 2020.  (VILLE DE CONFLANS SAINTE HONORINE)

Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie assassiné le 16 octobre 2020. (VILLE DE CONFLANS SAINTE HONORINE)

Le crime abject qui a visé le professeur d’histoire et de géographie Samuel Paty n’ajoute pas seulement un nom à la liste déjà longue des victimes du terrorisme islamiste. Ce qui est ciblé cette fois, c’est un professeur, à cause de l’enseignement qu’il a dispensé en conformité avec les programmes de la République. Samuel Paty est mort pour avoir exécuté la mission qui lui avait été confiée. Si nous sommes si intensément bouleversés, c’est parce que nous savons tous et toutes ce que nous devons à ceux et celles qui ont été nos maîtres, instituteurs et institutrices, professeurs, qui nous ont formés, éduqués, élevés au long de nos années d’école, de collège, de lycée. Oh, tous et toutes n’ont pas été parfaits ! Nous avons bien sûr connu des hommes et des femmes qui s’étaient laissé happer par la routine, la paresse, l’ennui et qui les distillaient dans leur classe. Mais nous avons aussi été conquis, ravis, transformés par celui-ci, celle-là, qui ont éveillé nos jeunes esprits et sans qui nous ne serions pas qui nous sommes.
Parmi eux, en France, les professeurs d’histoire et de géographie ont une place à part parce que ce qui nous lie et fait de nous le peuple de France, est cette histoire, glorieuse parfois, compliquée souvent, honteuse hélas aussi, que nous faisons le choix de ne pas ignorer parce que nous savons qu’elle est profondément structurante de ce qu’est ce pays : une République qui affiche la liberté, l’égalité et la fraternité à son fronton ; une République accouchée dans la douleur, la fureur, la Terreur même ; une République qui ne cesse de faire mémoire de sa complexité, de ses doutes, de ses erreurs parce qu’ils éclairent la complexité, les doutes, les erreurs de toute personne humaine.
L’histoire ne raconte pas seulement le passé pour éclairer le présent et nous aider à envisager l’avenir ; l’histoire raconte la complexité, l’ambivalence, la faiblesse, l’incertitude de l’humanité. Ce que fait l’histoire par excellence, les autres disciplines de l’école le font aussi et c’est ainsi que sont instruits, formés, élevés, éduqués les filles et les garçons qui deviendront citoyennes et citoyens sensibles à l’ambivalence des choses, rétifs aux simplifications mortifères. Tel est notre idéal. Mesdames et Messieurs les professeurs, avec vos faiblesses et vos qualités, merci de continuer à l’incarner.

Christine Pedotti

Témoignage Chrétien n° 3890 du 29 octobre 2020

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