Joe Biden s’apprête à devenir le deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis. CAROLYN KASTER/AP

Joe Biden s’apprête à devenir le deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis. CAROLYN KASTER/AP

Soixante ans après l’arrivée à la Maison-Blanche de John Fitzgerald Kennedy, Joe Biden a atteint le seuil des 270 grands électeurs nécessaires à son élection comme 46e président des États-Unis, samedi 7 novembre. Il s’apprête à devenir le deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis. Dans les rangs de ses coreligionnaires, ses positions en faveur de l’avortement et du mariage homosexuel ne font pas l’unanimité.
Sa foi a fait partie intégrante de son récit de campagne. En août dernier, l’un de ses clips politiques le présentait même riant, en 2016 au Vatican, aux côtés du pape François. Vainqueur du scrutin du 3 novembre, le démocrate Joe Biden devient, soixante ans après l’arrivée à la Maison-Blanche de John Fitzgerald Kennedy, le deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis.
Originaire d’une famille modeste et pratiquante issue de l’immigration irlandaise, le septuagénaire a toujours mis en avant son éducation religieuse. « Il a notamment fait plusieurs déclarations très élogieuses sur les religieuses qu’il avait côtoyées durant sa scolarité dans des établissements catholiques », retrace Blandine Chelini-Pont, professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, spécialiste du catholicisme américain.
« Honnête dans sa foi »
Dans ce pays très religieux, l’homme s’est forgé la réputation d’être un fidèle fervent et authentique, assidu au culte dans sa paroisse de St. Joseph on the Brandywine, à Wilmington dans le Delaware. On lui prête même de garder toujours avec lui, dans sa poche, un chapelet. Pour Blandine Chelini-Pont, « il passe pour quelqu’un d’honnête dans sa foi, et cette religiosité a même contribué à lui acquérir l’adhésion de certaines franges évangéliques », même si ces dernières ont toujours largement constitué la base électorale de Donald Trump.
Discours devant des groupes de croyants pendant les primaires démocrates, clips de campagne axés sur sa foi, confessions dans la presse, congrès rassemblant d’éminents responsables religieux… Ces derniers mois, le camp démocrate a cherché à capitaliser sur les convictions religieuses de l’ex-bras droit de Barack Obama, pour tenter de cibler les voix de ses coreligionnaires. « Contrairement aux dernières campagnes électorales, il y a eu un revirement de la part du parti, qui a fait un effort considérable pour valoriser sa spiritualité », abonde Blandine Chelini-Pont.
Une foi éprouvée
Après le dramatique accident de voiture ayant tué, en 1972, sa première femme Neilia Hunter et leur fille Naomi, et après le décès en 2015 de son fils aîné Beau, emporté à 46 ans par une tumeur au cerveau, Joe Biden s’est souvent confié dans la presse sur la manière dont sa foi l’a aidé à surmonter les grandes tragédies de sa vie. « C’est un homme qui a été éprouvé, et cela lui a forgé un caractère compassionnel qu’il projette dans sa démarche politique », poursuit la spécialiste.
Décoré en mai 2016 de la médaille Laetare de l’université Notre-Dame-du-Lac - considérée comme la plus haute distinction des catholiques américains -, le septuagénaire est connu pour citer volontiers les Écritures ou Jean-Paul II. « Je crois que la foi est un don. Et le premier devoir que nous avons tous est : “Aime ton Dieu.” Le deuxième est : “Aime ton voisin comme toi-même” », avait écrit sur son site de campagne, celui qui assure défendre un programme économique inspiré par la Doctrine sociale de l’Église.
Résistances
Toutefois parmi les catholiques américains, ses positions en faveur de l’avortement et du mariage entre personnes de même sexe cristallisent de très nombreuses critiques. Au point d’avoir même été violemment tancé, ces derniers mois, par certains évêques lui reniant son identité catholique. « Pour la première fois, le ticket démocrate n’inclut pas un catholique. Triste », avait ainsi tweeté Mgr Thomas Tobin, évêque de Providence (Rhode Island).
« Cela me déroute vraiment que Joe Biden (…) [déclare] à maintes reprises être catholique et [promeuve] l’avortement illimité », avait aussi fustigé Mgr Rick Stik, évêque de Knoxville (Tennessee). D’autres ont implicitement appelé, en raison des positions de Joe Biden sur les questions sociétales, à voter pour Donald Trump. Aux États-Unis, l’épineuse question du droit à l’avortement reste extrêmement polarisante, et oriente pratiquement à elle seule le vote des chrétiens.

Malo Tresca, 

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