8 décembre 2020, fête de Marie « Immaculée »
07 déc. 2020L'Immaculée, le premier fruit de la Rédemption, Marie, la première chrétienne, la plus parfaite, la Mère de l'Eglise, la mère du genre humain et de tout l'univers !
Je me souviens - c'était à l'aube de ma quinzième année - je me souviens de cette rencontre avec l'Immaculée, de cet appel impérieux à une pureté totale dont je ne savais pas encore qu'elle signifiait avant tout le dépouillement de soi, la libération du moi possessif dans lequel nous sommes tous emprisonnés, mais déjà je savais qu'à travers Marie notre humanité s'enrichissait d'un regard nouveau, que le monde entier se transfigurait dans cette lumière, que ni l'homme ni la femme n'avaient le même sens, que l'amour prenait une autre dimension, que toutes les horreurs de l'histoire, toutes les cruautés de la nature pouvaient être surmontées dans le rayonnement de la divine tendresse.
Virgo virginans ! Ô Vierge qui nous virginisez ! ô Vierge, notre regard ! ô Vierge qui nous conduisez à Jésus ! Ô Vierge qui enfantez le Christ en nous ! Ô Vierge, Mère de Dieu ! Ô Vierge qui réalisez dans le monde, pour la première fois, la Création authentique, celle que Dieu veut et qui doit être l'écho de l'éternelle musique qui retentit silencieusement au cœur de la Trinité Divine !
Mais cette virginité de Marie, elle n'est pas seulement à contempler, elle n'est pas seulement le ferment en nous d'une purification radicale, elle est aussi l'âme de tout apostolat. Car finalement quelle est notre mission ? Qu'avons-nous à faire dans le monde sinon enfanter le Christ ?
Notre mission n'est pas de construire des systèmes, d'élaborer des méthodes et des techniques ! Notre mission, c'est de donner Jésus Christ ! Notre mission, c'est de communiquer Sa Présence, et donc une invitation à se dépouiller, à se désapproprier de soi, à faire ce vide en soi, à faire de tout soi-même un immense espace où le monde entier puisse être accueilli, et c'est par là que l'Immaculée Conception nous touche au plus profond de l'être.
Il y a là un mystère d'une brûlante actualité puisque nous ne pouvons rien pour ce monde qui attend tout, si nous n'entrons pas dans ce dépouillement total, si nous ne laissons pas transparaître à travers nous le Visage du Seigneur, si nous ne faisons pas le vide en nous pour que la Vie divine puisse s'y répandre sans rencontrer de limites ni d'obstacles.
Plus que jamais nous avons à nous faire les disciples de l'Immaculée, à l'invoquer pour obtenir cette purification radicale, à la regarder pour que son regard virginise le nôtre (1), plus que jamais nous avons à apprendre à travers elle la divine tendresse car finalement, à travers cette femme bénie entre toutes les femmes, à travers cette fille du Verbe dont elle va devenir la mère, à travers cette dignité, à travers cette grandeur que percevons-nous sinon la maternité de Dieu ? Car Dieu est mère autant qu'il est père et, à travers le cœur de Marie, ce cri filial que nous ne cessons de jeter au cœur de toutes nos détresses, ce cri filial de "maman ", qu'il monte jusqu'au Cœur de Dieu !
C'est là le grand trésor, c'est là le dernier mot de notre immense amour de la Vierge bénie, c'est là le dernier mot de notre cri vers elle, et notre cri vers Dieu qui est encore plus mère qu'elle, infiniment plus mère que toutes les mères car, dit le Seigneur, ''quand une mère oublierait ses enfants et ne se souviendrait plus du fruit de ses entrailles moi, je ne vous oublierai jamais ! "
Maurice ZUNDEL, prêtre Suisse
Extrait de l’homélie donnée au mont des Cats le 8 décembre 1971