© Martial Couderette Une contrebasse pour Dieu : dans ce CD, Guy de Fatto raconte son cheminement musical et spirituel.

© Martial Couderette Une contrebasse pour Dieu : dans ce CD, Guy de Fatto raconte son cheminement musical et spirituel.

Il jouait avec Boris Vian et chantait avec Juliette Gréco dans les caves de Saint-Germain. Mais à 28 ans, c'est une visite dans l'église Saint-Sulpice qui va bouleverser sa vie. Découvrez la vie du père Guy de Fatto qui a rempli les salles et les églises avec ses chants gospel et entraînants, 40 ans avant Glorious !
La première messe Gospel en France à l’église Saint-Roch, en mai 1965, a fait la Une du journal France Soir à l’époque. Elle fut célébrée par Guy de Fatto, jeune prêtre âgé de 40 ans tout juste ordonné à Lyon en avril 1965. Un parcours qui plaît à la presse de l’époque et détonne dans l’église en plein Vatican II. 
Des caves de Saint-Germain à l’église de Saint-Sulpice
Guy de Fatto est né au Havre en 1925 et passe, dans sa jeunesse, du violon au piano avec l’aisance d’un musicien prodige. En 1942, il arrive à Paris pour effectuer des études d’ingénieur électricien et découvre le monde du jazz dans les caves voûtées de Saint-Germain-des-Prés. Il accompagne alors de sa contrebasse les plus grands de son temps. À cette époque, il dort chez Boris Vian, joue avec Sidney Bechet, Bill Coleman ou encore Claude Bolling, côtoie Juliette Greco et les Frères Jacques. Une vie de bohème, « de fric et de nénettes » comme il témoignera plus tard. Mais à 28 ans, un soir de 1953, alors qu’il est au fond du gouffre après une rupture amoureuse, il entre un peu par hasard dans l’église du quartier où il passe ses nuits : l’église Saint-Sulpice. Après le jazz, c’est l’Esprit saint qui lui « tombe » dessus et il vit, ce soir-là, une conversion fulgurante. 
Du Jazz aux chants religieux
Après onze années de formation au séminaire, sous le regard incrédule de ses amis musiciens, il est ordonné prêtre du Prado le 3 avril 1965 à Lyon par Mgr Matagrin. Mais la musique ne le quitte pas et dès son entrée au séminaire, il met son talent au service de la liturgie pour composer et proposer de toutes nouvelles partitions. L’Église, alors en plein concile Vatican II et le passage de la liturgie du latin au français, a besoin de nouveaux chants en français. Cela tombe bien pour ce musicien qui souhaite annoncer l’Évangile à travers la musique. Messes dans des théâtres, dans des cirques, le père Guy de Fatto n’a de cesse d’innover pour toucher un large public. Il est notamment à l’origine, dès 1966, des « Gospels night », des soirées qui appellent l’Esprit saint et rassemblent tous les âges. Jusqu’en 2000, il en organisera près de 5.000 un peu partout dans le monde. Parmi les chants qu’il compose, Si tu savais le don de Dieu, Si tu as une guitare ou encore J’irai vers le Seigneur. Au total, il va sortir quinze albums de musique chrétienne et atteindra les 100.000 exemplaires vendus ! 
Après un vie de concerts et de chants, le père Guy de Fatto rejoint son diocèse d’origine où il meurt le 5 novembre 2016. Toute sa vie, il aura témoigné de cette « incroyable et longue vie » qu’il a reçue, concluant toujours ses propos d’un « que le Seigneur dispose de moi ». Assurément le Seigneur sait disposer de ses amis musiciens. 

Bérengère Dommaigné 

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