Entrons en « carême » ce mercredi 17 février 2021 : « quarante jours pour apprendre à aimer » !
14 févr. 2021C’est Henri Grouès (l’Abbé Pierre, mort en 2007, il y a 14 ans) qui l’écrit dans son testament (1994) : « Nous venons sur terre pour apprendre à aimer » !
J’ai mieux compris le sens du « carême » depuis qu’un enfant l’a écrit « Car-Aime » : « Quarante jours pour apprendre à aimer » !
Jésus, après son baptême, fut conduit au désert pendant quarante jours. Là il est confronté aux forces du mal : le pouvoir dévoyé, la suffisance, l’orgueil. Là il fait le choix de la liberté : aimer et donner sa vie !
Il a fallu quarante ans au Peuple d’Israël libéré de l’esclavage d’Egypte pour prendre possession de la Terre Promise et surtout pour se déposséder de ses idoles, se libérer du mal, apprendre à aimer le vrai Dieu et apprendre à « s’aimer entre frères » !
Vivre avec les autres
J’aime bien ce mot d’Henri Grouès (l’Abbé Pierre) dans ses « confessions (2002) : « Sartre écrivait : « L'enfer, c'est les autres ». Je suis intimement convaincu du contraire. L'enfer, c'est soi-même coupé des autres. »
« Aimer » est un mot bien galvaudé. Aimer « comme » Jésus, qu’est-ce que cela veut dire ?
Durant le temps du carême faisons le point avec la « boussole » de « l’amour » !
« L’autre est un don »
Dans sa lettre d’invitation au Carême 2017, le Pape François commente la parabole de Lazare et de l’homme riche (Luc 16,19-31). En voici un extrait : « La première invitation que nous adresse cette parabole est celle d’ouvrir la porte de notre cœur à l’autre car toute personne est un don, autant notre voisin que le pauvre que nous ne connaissons pas. Le Carême est un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin et reconnaître en eux le visage du Christ. Chacun de nous en croise sur son propre chemin. Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour. La Parole de Dieu nous aide à ouvrir les yeux pour accueillir la vie et l’aimer, surtout lorsqu’elle est faible ».
Puis, dans sa lettre encyclique « Fratelli Tutti », rendue publique le 4 octobre 2020, François écrit : « Nous croyants, nous devons tous le reconnaître : l’amour passe en premier, ce qui ne doit jamais être mis en danger, c’est l’amour. Le plus grand danger, c’est de ne pas aimer.» (n°92, cf. 1 Co 13, 1-13).
« Dis-moi comment tu aimes, je te dirai qui est ton Dieu » (Maurice Bellet)
Aimer gratuitement, aimer sans attendre de retour.
Lorsqu’on aide un « sans papier » à obtenir un titre de séjour, lorsqu’on héberge quelqu’un en grande détresse, lorsque l’on donne de son temps à une personne qui a besoin d’une oreille et d’un cœur qui l’écoute, il arrive que l’autre – fragile et blessé – ne puisse pas trouver les mots ou les gestes pour nous remercier. Cela peut nous choquer. Aimer à la manière de Jésus, c’est donner « gratuitement », sans attendre de « retour » !
Aimer celui ou celle qui n'est pas aimable !
Apprendre à discerner derrière une carapace d'antipathie, derrière l'amertume, la solitude, ou la détresse ! Voilà ce que peut rendre possible l'amour de Dieu. Aimer, c'est voir l'autre tel que Dieu le voit et répondre à ses attentes. Cet amour-là est capable de révéler l’autre à lui-même. Il va se découvrir « aimable », retrouver confiance en lui, recouvrer dignité et estime alors qu’il désespérait de lui-même.
Quarante jours pour nous préparer à Pâques :
C’est l’Amour qui fait passer de la mort à la vie !
Denis Chautard
Prêtre à Vernon (Eure)