« Nous ne sommes pas des anges, nous sommes incarnés ». Interview de Franck LEGROS, prêtre du Diocèse d’Evreux
18 mars 2021Pendant la fête de la Miséricorde, organisée les 10 et 11 avril à St Sulpice, le P. Franck Legros donnera son témoignage. Ordonné pour le diocèse d’Evreux (Eure), il est devenu prêtre après une carrière de danseur à l'opéra de Düsseldorf (Allemagne). L'occasion, avec lui, de redécouvrir l'amour, incarné, de Dieu pour chacun de nous.
Au programme Cette année, à Paris, l’occasion du dimanche de la divine Miséricorde, une fête de la Miséricorde se déroulera le samedi 10 et le dimanche 11 avril à St-Sulpice (6ème). Après une messe célébrée, le dimanche 11 avril à 13h par Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris un temps d’adoration et une heure de la miséricorde le P. Franck Legros conclura cette fête en donnant son témoignage, à 16h.
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pourlamisericordedivine.org
Paris Notre-Dame — Quel lien entre miséricorde et danse ?
P. Franck Legros - La miséricorde signifie être plongé dans le cœur de Dieu. Dieu c'est la vie ! Et qu'est-ce que la vie sinon le mouvement par excellence Dans le sein de notre mère, notre premier organe vivant a été le cœur. Cela dit quelque chose. Notre corps lui-même a été marqué, dès sa conception par ce battement, cette première danse de quelques millimètres. Comme pour nous dire que le centre nos vies se situe dans notre capacité à aimer et à nous laisser aimer. Il y a une grosse difficulté aujourd’hui à s'aimer soi-même, alors c'est un commandement. Si nous voulons que la miséricorde impacte notre quotidien, cela doit passer par le fait de nous aimer. Je m'aime parce que Dieu m'aime. Et s'aimer soi-même signifie s’accueillir intérieurement mais aussi dans son corps. Les personnes qui arrivent à danser sont des personnes qui se sentent accueillies comme elles sont. Tout comme l’amour, la danse nécessite de sortir de sa zone de confort, de consentir à être et à se montrer vulnérable.
P.N.D. — Peut-on danser avec Dieu ?
F. L — Dieu dansera pour toi, est-il écrit dans le livre de Sophonie. Il est beaucoup question, dans l’Écriture, d'un peuple invité à danser. La danse exprime quelque chose de l'ordre de la vie, de la joie de vivre mais aussi du combat.
C'est aussi un langage universel qui peut être partagé par tous. Jésus est venu dire l'amour de Dieu en prenant chair. Alors, quand notre corps peut dire l'amour de Dieu, c'est extraordinaire ! La danse peut être une façon de remercier, de rendre grâce. L'offrande est parfois considérée comme quelque chose de sacrificiel. J'aime à dire qu'elle peut aussi être agréable. Je me considère d'ailleurs comme un danseur dans l'âme.
P.N.D. — Comment notre Église romaine assez « intellectuelle » peut-elle le redécouvrir ?
F. L — Je crois qu'il y a quelque chose de l'ordre de la simplicité et de l'esprit de l'enfance à retrouver. Quand un enfant danse, tout le monde trouve cela formidable. Nous avons peut-être perdu quelque chose de cette simplicité, de cette liberté. Nous sommes très figés. Alors que notre religion, fondée sur l'incarnation de Dieu, devrait être experte dans ce langage. II y a je crois, une urgence que nous retrouvions, dans l'Église, ce rapport à la joie, à la liberté et à leur incarnation. Tout ce qui se passe actuellement — les affaires d'abus, de mœurs... — est un peu un retour de bâton. Nous ne sommes pas des anges. Nous sommes incarnés. Il est important de retrouver une belle relation à notre corps, à notre liberté, notre expression, quelque chose qui soit sain, joyeux, frais.
Propos recueillis par Isabelle Demangeat
Paris Notre Dame n°1853 du 18 mars 2021 page 4