Le Pape François a dirigé jeudi 1er juillet au Vatican une journée de prière pour le Liban, avec les responsables religieux du pays. REUTERS - GUGLIELMO MANGIAPANE

Le Pape François a dirigé jeudi 1er juillet au Vatican une journée de prière pour le Liban, avec les responsables religieux du pays. REUTERS - GUGLIELMO MANGIAPANE

Au soir d’une journée de réflexion et de prière avec neuf patriarches chrétiens libanais, le pape François a voulu soutenir « le peuple libanais déçu et épuisé, en quête de certitudes, d’espérance, de paix ».
« Il faut donner aux Libanais la possibilité d’être protagonistes d’un avenir meilleur. » C’est un vibrant appel en faveur du Liban que le pape François a lancé, jeudi 1er juillet à la basilique Saint Pierre de Rome, à l’issue d’une journée de réflexion et de prière organisée au Vatican, en présence de neuf patriarches chrétiens du pays.
« Seigneur, viens à mon secours ! », a lancé le pape, reprenant un passage de l’Évangile de Matthieu dans lequel une femme de Tyr rencontre Jésus et l’implore. « Ce cri est devenu aujourd’hui celui de tout un peuple, le peuple libanais déçu et épuisé, en quête de certitudes, d’espérance, de paix, a-t-il poursuivi. Par notre prière, nous avons voulu accompagner ce cri. »
« Le Liban ne peut être laissé à la merci du sort »
Le matin même, c’est dans cette même basilique que les 10 responsables religieux, l’un vêtu de blanc, les autres en noir, avaient prié longuement, en silence. C’est le pape lui-même qui avait entonné le Notre Père en arabe, avant que François et les patriarches descendent dans la crypte pour allumer un cierge devant la tombe de saint Pierre. À lire aussi Les Églises cherchent un avenir pour le Liban
Après avoir présidé trois réunions de travail et de prière, tout au long de la journée, le pape a estimé que le Liban, « message universel de paix et de fraternité », « ne peut être laissé à la merci du sort ou de ceux qui poursuivent sans scrupule leurs intérêts personnels ».
Comme à plusieurs reprises dans le passé, François n’a pas épargné la classe politique libanaise. « Cela suffit, les avantages de quelques-uns sur le dos d’un grand nombre ! Cela suffit, la domination des vérités de parti, sur les espérances des gens ! », a-t-il répété, reprenant le discours qu’il avait tenu à Bari, lors d’une rencontre des responsables chrétiens du Proche-Orient, en juillet 2018.
Puis il a ajouté : « Cela suffit d’utiliser le Liban et le Moyen-Orient pour des intérêts et des profits étrangers ! Il faut donner aux Libanais la possibilité d’être protagonistes d’un avenir meilleur, sur leur terre et sans ingérences abusives. »
Agir en fonction du bien commun
François a appelé les Libanais à s’enraciner « dans les rêves de paix de (leurs) aînés ». « À vous, citoyens : ne vous découragez pas ! ne faiblissez pas, courage ! », a-t-il poursuivi. Devant les patriarches, mais aussi devant les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, qui avaient été invités à assister à ce temps de prière, il a exhorté la communauté internationale à œuvrer pour que « le pays ne s’effondre pas, mais entame un chemin de reprise ». « Ce sera un bien pour tous », a-t-il ajouté.
Dans l’assemblée, figuraient également des membres de la diaspora libanaise présents à Rome, auxquels il s’est directement adressé : « A vous, chers Libanais de la diaspora : pour que vous mettiez au service de votre patrie les énergies et les meilleures ressources dont vous disposez. »
Alors que la société libanaise est profondément divisée par les tensions communautaires, y compris entre chrétiens, le pape François a encouragé à agir en fonction du bien commun. « Les relations entre les hommes ne peuvent pas reposer sur la recherche d’intérêts, de privilèges et de gains partisans », a-t-il insisté. « Nous, chrétiens, nous sommes appelés à
être des semeurs de paix et des artisans de fraternité, à ne pas vivre de rancœurs et de remords
passés », a-t-il encore ajouté. « Assurons donc aux frères et sœurs musulmans, et des autres religions, ouverture et disponibilité à collaborer pour construire la fraternité et pour promouvoir la paix. »
En faveur des femmes et des jeunes
Alors que des jeunes venaient de remettre aux patriarches, en signe d’espérance, des lampes allumées, le pape a plaidé aussi en faveur d’une génération frappée de plein fouet par la déliquescence du pays. « Ce sont eux, les jeunes, qui sont des lampes qui brûlent en cette heure sombre. Sur leurs visages brille l’espérance de l’avenir. Qu’ils reçoivent attention et écoute, car c’est par eux que passe la renaissance du pays. »
Un plaidoyer qu’il a aussi poursuivi en évoquant ces « autres lumières (qui) brillent à l’horizon du Liban » : les femmes. « Les femmes sont génératrices de vie et d’espérance pour tous ; qu’elles soient respectées, valorisées et impliquées dans les processus décisionnels du Liban. » « Que la nuit des conflits se dissipe et qu’une aube d’espérance resurgisse, a conclu le pape. Que cessent les animosités, que disparaissent les désaccords, et que le Liban recommence à rayonner la lumière de la paix. »
Si l’organisation de cette journée était une réponse de François à une demande des patriarches, le pape s’est impliqué personnellement dans son déroulement. Il a d’ailleurs demandé aux patriarches de prendre dans les semaines qui viennent des « initiatives concrètes sous le signe du dialogue, de l’engagement éducatif et de la solidarité ». Il pourrait également se rendre au Liban en 2022. À condition, a-t-il affirmé en avril en recevant au Vatican le premier ministre libanais désigné, que le pays soit doté d’un réel gouvernement.

Loup Besmond de Senneville (à Rome)

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