Messe de la Saint Martin ce jeudi 18 novembre 2021 à Paris
18 nov. 2021Aujourd'hui - jeudi 18 novembre 2021 - nous avons célébré la messe de la Saint Martin, patron des policiers, en l'église Saint Germain des Près à Paris à l'intention des policiers décédés au cours de l'année. Cette messe était présidée par Monseigneur Celestino MIGLIORE, nonce apostolique en France.
Des représentants du Préfet de Police, des cadres de la Préfecture de Police et du ministère de l'intérieur étaient présents aux côtés des familles des victimes ainsi que les portes drapeaux des associations des anciens de la Police, des membres de l'association "Police et Humanisme", des collègues policiers et l'orchestre des gardiens de la Paix de Paris. Les aumôniers des policiers, des gendarmes, des pompiers de Paris, des avocats et des magistrats ont concélébré la messe. Des magistrats du Palais de Justice de Paris, des représentants du barreau de Paris étaient également présents sans oublier le recteur de la grande mosquée de Paris, un évêque Orthodoxe de Valence en Espagne ainsi que le pasteur Olivier RISNES, aumônier protestant à la Préfecture de Police.
Voici le texte de l'homélie de Monseigneur Celestino MIGLIORE :
« En France, le 11 novembre, fête liturgique de saint Martin, on célèbre des commémorations militaires et civiles. A quelques jours de cette fête, depuis plusieurs années désormais, nous nous réunissons à l'initiative de Police et Humanisme autour de l'Eucharistie et nous nous confions à l'intercession de saint Martin, patron de la police.
Dans la première partie de sa vie, saint Martin fut un militaire, par conséquent habitué à l'accomplissement scrupuleux de ses devoirs et au respect des commandements supérieurs. II était chrétien et il avait, dès lors, deux règles de vie à respecter : celle professionnelle et militaire, et celle humaine et spirituelle, l'Évangile de Jésus-Christ. Son génie fut de savoir se comporter en respectant pleinement les deux règles de vie sans aucun conflit de conscience, sans compromis ou défaillance envers l'une ou l'autre. II avait entendu plusieurs fois et intériorisé la page d'évangile que nous avons lu ce matin : j'avais faim et vous m'avez donné à manger, j'avais soif et vous m'avez donné à boire, j'étais nu et vous m'avez habillé. L'iconographie nous présente le militaire Martin qui, avec son épée, taille son manteau et en couvre avec la moitié un pauvre vagabond engourdi par le froid
En bon militaire et en bon chrétien il allait à l'essentiel : l'essentiel de la mission d'un policier ou d'un pompier est de faire respecter l'ordre public et de protéger des plus faibles de la société. L'essentiel pour un chrétien sont les paroles de Jésus : « chaque fois que vous avez donné à manger, à boire, que vous avez revêtu, visité, protégé l'un de ces petits qui sont mes frères, c 'est à moi que vous I 'avez fait. »
Nous chrétiens, nous sommes comme des étudiants qui ont eu une chance exceptionnelle en recevant en avance les questions posées à l'examen. Jésus nous dit que l'unique demande qui nous sera faite à notre examen final, au moment où nous nous présenterons devant lui après la mort, est seulement celle-ci : j’avais faim, j'avais soif, j'étais nu, malade, en prison, sans défense... êtes-vous venu à mon secours ? Voici la véritable adoration que Dieu attend de nous, parfois difficile mais toujours gratifiante.
Chers Amis, vous Mesdames et Messieurs-qui travaillez pour le bien public : par profession vous êtes appelés à rendre à Dieu la vraie adoration, celle de le reconnaître et de le servir dans votre prochain, à travers le maintien de la paix, de l'ordre public et la protection des plus faibles. Votre profession elle-même vous prépare infailliblement à l'examen final que chacun d'entre nous affrontera un jour ou l'autre.
Toute injustice, en fait, touche d'abord ceux qui, de manière différente, peuvent se dire « les derniers », les « plus petits » d'entre nos frères. Et les derniers, dans notre monde, sont ceux qui laissent leur terre à cause de la guerre et de la misère, et doivent repartir de zéro dans un contexte tout à fait nouveau ; les derniers sont ceux qui ont perdu maison et travail, et luttent pour faire vivre leur famille ; les derniers sont ceux qui vivent marginalisés et malades, ou qui sont victimes d'injustice et d'abus. C'est vraiment vers ces personnes qui sont le plus sans défense que votre attention se tourne. De tous ceux-là, vous vous rendez proches quand vous cherchez à prévenir ou réprimer la criminalité, quand vous vous engagez dans la lutte contre le harcèlement et les escroqueries ; quand vous employez vos énergies dans la formation des jeunes et dans la surveillance des écoles, dans la défense du territoire et du patrimoine artistique ; aussi en promouvant la formation à une citoyenneté plus active et plus consciente.
Les circonstances sociales et culturelles d'aujourd'hui peuvent parfois vous faire éprouver des sentiments d'inutilité ; font souvent de vous l'objet de vagues de mépris, si ce n'est de haine. Ce n'est pas ici le lieu adapté ni ne suis-je compétent pour parler de tous ces divers facteurs qui peuvent produire ces réactions violentes et parfois organisées.
L'Eucharistie que nous vivons maintenant nous mène plutôt à une approche positive : à la gratitude et à l'encouragement pour votre action, laquelle n'est pas toujours facile et n'est pas toujours comprise par tous dans sa juste finalité.
L'Eucharistie que nous célébrons veut aussi rendre hommage au grand nombre de vos amis et de vos proches qui ont payé de leur vie la fidélité à leur mission, soit en service, soit en se donnant la mort par désespoir, ou par mort naturelle. Oubliant leur propre personne, ignorant le danger ou l'usure de la vie, ils ont rendu à la communauté un service sans prix. Et aujourd'hui, au cours de la célébration eucharistique, nous les confions au Seigneur avec gratitude et admiration, sûrs qu'ils ont réussi l'examen final qui demandera des comptes de toutes les fois où ils ont reconnu le visage de Dieu dans les « derniers » qu'ils ont servi.
Mais où ont-ils puisé la vigueur nécessaire pour accomplir jusqu'au bout leur tâche, si ce n'est dans la totale adhésion aux idéaux professés ? Beaucoup d'entre eux ont cru dans le Christ, et sa parole a illuminé leur existence et donné une valeur exemplaire à leur sacrifice. Ils ont fait de l'Évangile la règle de leur comportement, tout comme le fit votre saint patron, le soldat Martin.
Que l'exemple de ces camarades qui, en accomplissant fidèlement leur devoir, ont atteint les sommets du service de Dieu et de la société, constitue un encouragement pour vous. Soyez des hommes et des femmes de paix. Et pour pouvoir l'être pleinement, accueillez le Christ dans votre cœur, auteur et garant de la paix véritable. Il vous rendra capable de cette fermeté évangélique qui permet de vaincre les tentations insidieuses de la violence. II vous aidera à placer la force au service des grandes valeurs de la vie, de la justice, du pardon, et de la liberté. »