Mgr Georges Pontier : « J’ai déjà expérimenté que l’Esprit Saint ne nous abandonnait pas »
19 déc. 2021Nommé le 2 décembre administrateur apostolique du diocèse de Paris, Mgr Georges Pontier est arrivé dans la capitale il y a quelques jours pour se mettre au service d’un diocèse qu’il qualifie lui-même de « riche » et « dynamique ».
En ce mois de décembre pluvieux, venteux, et déprimant en bien des points, il est réconfortant de rencontrer Mgr Georges Pontier. Venu du Sud-Ouest avec son accent chantant, il semble avoir ramené la douceur ensoleillée du Tarn dont il est originaire. Il parle doucement, posément, avec ce sens de l’humour des gens qui ne se prennent pas trop au sérieux. Et de fait, la simplicité est, chez Mgr Pontier, une vertu cardinale, comme le confirme le P. Pascal Molemb Emock, vicaire général du diocèse d’Avignon depuis 2015, qui a travaillé six mois à ses côtés, lorsqu’il était administrateur apostolique de son diocèse de janvier à juillet 2021 : « Un trait de sa personnalité est sa très grande humilité. Il a une simplicité dans la manière de se positionner vis-à-vis des titres ecclésiastiques. Il ne les récuse pas mais n’en est pas friand. Quand il est venu ici, à Avignon, il a adopté une forme de sobriété de vie. Il n’a pas pris une cuisinière, ni de personnes pour l’aider et n’a pas investi les appartements épiscopaux. Cela va dans le sens de ce qu’il est. » Et de fait, l’évêque n’a ni devise ni blason, « ces choses qui nous font croire que nous sommes à part », selon ses propres mots. Et de poursuivre : « À mes yeux, nous sommes d’abord des serviteurs. La simplicité et l’humilité – et encore, l’humilité c’est plus compliqué – doivent nous habiter. »
Homme de paix
« D’abord serviteur », voilà le fil rouge d’un parcours qu’on peut qualifier de prestigieux : né en 1943 à Albi (Tarn), il est ordonné prêtre en 1966 pour le diocèse d’Albi, puis évêque de Digne en 1988, de la Rochelle et Saintes en 1996, puis archevêque de Marseille de 2006 à 2019, tout en étant président de la Conférence des évêques de France (CEF) à partir de 2013. En retraite très active à Toulouse depuis 2019, c’est déjà la deuxième fois qu’il est nommé administrateur apostolique d’un diocèse, malgré son âge, 78 ans, et ses forces physiques qui diminuent : « Il ne faut pas me demander de courir un 50 mètres ! » plaisante cet amateur de sport. A-t-il hésité avant de venir à Paris ? La question ne se pose même pas à l’entendre : « J’ai déjà expérimenté que l’Esprit Saint ne nous abandonnait pas. Je sais que ma vie spirituelle va sortir grandie de cette expérience, et ce n’est pas en se protégeant dans le confort qu’on donne le meilleur de nous-mêmes. J’ai accepté un CDD dont je ne connais pas la fin, mais je suis dans la confiance ». Et d’ajouter, preuve qu’il n’y a pas de hasard : « Je prie pour le diocèse de Paris et ceux de la Région Île-de-France tous les jours depuis plusieurs années. Il y a une grande variété de vie d’Église, une belle mixité avec tous ces gens qui viennent étudier ou travailler. J’y vois beaucoup de richesses, et donc beaucoup de responsabilités. » De Toulouse, il a apporté sa Bible, annotée, et sa capacité d’émerveillement devant le bon et le bien : « Il y a tellement de belles choses. Parfois je me demande même comment ça se fait qu’il y ait tant de choses bien ? Mais il faut les yeux pour les voir… » Souvent qualifié d’« homme de paix » par son entourage, Mgr Pontier observe et agit avec prudence et confiance. « Il écoute beaucoup, pèse le pour et le contre, ne se précipite pas tout de suite dans les décisions, confi e le P. Molemb Emock. Il agit avec une prudence pastorale. » Confiant, il voit dans tout moment d’épreuve un « moment purificateur qui éprouve notre foi, notre espérance et notre charité, mais qui nous remet devant nos responsabilités ».
Charlotte Reynaud, avec Isabelle Demangeat
Paris Notre Dame