Le Christ et la femme adultère - Lucas Cranach le Jeune (1515 - 1586) Huile sur toile - Munich - Ancienne Pinacothèque

Le Christ et la femme adultère - Lucas Cranach le Jeune (1515 - 1586) Huile sur toile - Munich - Ancienne Pinacothèque

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8,1-11.
« En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Homélie

Quelle aubaine, pour les ennemis de Jésus ! Ils sont sûrs, ce jour là, d’avoir trouvé la manière de le piéger.
Ils traînent devant lui une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Mais ce n’est pas cette femme qu’ils veulent juger, c’est Jésus. Ils espèrent, ce jour là, le mettre dans une situation impossible. « Moïse nous a ordonné de lapider ces femme-là, et toi qu’en dis-tu ? »
Le piège est bien monté. Si Jésus se déclare d’accord avec Moïse, toutes ses paroles sur le pardon des pécheurs, sur le Dieu miséricordieux ne sont que du vent. Et, s’il se prononce sur l’acquittement, il se met en opposition avec la Loi. Pas d’échappatoire. Comment Jésus va-t-il sortir de là ?
Jésus refuse de mêler son regard à ceux de ces juges improvisés. Regarder, à ce moment-là, ce serait déjà se faire complice du lynchage. Il se baisse, écrit sur le sol. Soudain, il crève le silence par une de ces paroles dont il a le secret et qui bouleverse les débats de fond en comble : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Autrement dit, il demande d’abord aux juges de se juger eux-mêmes, en conscience. Et vous savez la suite : ils s’en vont l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés !

Que veut nous dire Jésus aujourd’hui ? La même chose avec les mêmes mots : deux phrases énormes, aux significations immenses.

La première : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. » Y a-t-il une phrase qui en dise aussi long, en aussi peu de mots, et avec autant de justesse, sur la condition humaine ? Qui peut s’ériger en juge de son frère ? Qui ? D’abord pour une simple raison de bon sens. Que sais-tu de cet homme que tu juges ? Que sais-tu de cette femme que tu condamnes ? Que sais-tu de ce couple qui a divorcé ? Peux-tu imaginer l’enfance de ce jeune délinquant ? As-tu idée de ce qui a amené cet homme à se donner la mort ?
Et maintenant, écoute la parole de Jésus : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. » N’as-tu pas envie d’ouvrir ta main pour lâcher la pierre que tu t’apprêtais à lancer, la pierre tranchante du ragot, de la critique qui ternit une réputation, du jugement sans appel ? Cet évangile interroge chacun de nous à ce niveau-là. Il interroge aussi notre Église à ce niveau-là.

C’était la première parole de Jésus, voici la deuxième : « Moi non plus, je ne te condamne pas, va et ne pêche plus. » Jésus ne ferme pas les yeux sur la gravité du péché, mais il les ouvre sur le visage du pécheur. Feuilletez l’album de famille, l’évangile, vous y rencontrerez Zachée, Matthieu, les publicains, Marie-Madeleine, la Samaritaine, et même le prisonnier de droit commun sur son poteau d’exécution.

Jésus nous révèle le vrai visage de Dieu qui n’est qu’amour. Dieu n’attend pas que nous changions pour nous pardonner, il nous pardonne pour que nous changions. « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? » Ce monde nouveau, nous le savons, a été inauguré par le Christ. Il est parmi nous, en germination, en croissance. Le voyons-nous ?

Louis DURET
Prêtre du Diocèse de Chambéry

Lien à la Source


 

Retour à l'accueil