Les six jours africains du pape François, le Vatican détaille le programme du voyage du pape
28 mai 2022Le Pape François et le président du Soudan du Sud, Salva Kiir lors d’une audience privée au Vatican, le 16 mars 2019. ALANDRA TARANTINO/AFP
Le pape François se rendra du 2 au 7 juillet en République démocratique du Congo au Soudan du Sud. Le voyage sera notamment marqué par la rencontre avec les victimes de violence, dans l’est du Congo, ainsi que par une forte dimension œcuménique, au Soudan.
Le voyage est donc confirmé. Le Vatican a publié, samedi 18 mai, le détail du déplacement du pape François, du 2 au 7 juillet prochains, en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud. Six jours denses durant lequel le pape, affaibli physiquement par sa douleur au genou, auxquels François tient, et qu’il a voulu maintenir, contredisant les rumeurs d’annulation.
À son arrivée à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, le samedi 2 juillet, le pape François se rendra après 7 h 30 de vol, au « Palais de la Nation », où l’attendra le président Félix Tshisekedi, élu en décembre 2018 et avec qui il s’était déjà entretenu en janvier 2020 lors d’une visite à Rome. Puis il prononcera un premier discours, comme c’est l’usage au tout début de ses visites, devant les autorités et le corps diplomatique, avant de rejoindre la nonciature apostolique, où il passera trois nuits. Le premier soir, il rencontrera en privé les jésuites de la région, comme il en a pris l’habitude lors de ses derniers voyages.
L’Église congolaise, critique du pouvoir
Ses premiers mots prononcés en public, au tout début de ce voyage, seront sans aucun doute écoutés de très près, dans ce pays où l’Église catholique constitue l’une des institutions critiques du pouvoir, et ce depuis plusieurs décennies. C’est particulièrement l’actuel archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, également membre, à Rome, du Conseil des cardinaux qui entoure François.
Dimanche 3 juillet à 8 heures, le pape célébrera la messe, depuis l’aéroport Ndolo, puis se rendra en fin d’après-midi à la cathédrale Notre-Dame-du-Congo, dans la capitale congolaise, où il s’adressera aux évêques, prêtres, religieux, religieuses et séminaristes du pays. Une journée avec seulement deux rendez-vous, mais qui précédera un lundi 4 juillet intense, puisqu’il se rendra ce jour-là à Goma, dans l’est du pays, à 2 h 30 d’avion de là.
Visite dans l’est du pays
À Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, touchée par une forte insécurité et marquée par l’omniprésence de groupes armés, le pape célébrera la messe à Kibumba, puis se rendra dans un centre d’accueil du diocèse de Goma pour s’entretenir avec des « victimes de la violence à Beni et dans l’est du Congo », peut-on lire dans le programme officiel du voyage.
De retour à Kinshasa, le pape terminera l’étape congolaise de son voyage mardi 5 juillet en rencontrant les jeunes et les catéchistes du pays, avant de se rendre se rendre à l’aéroport. Il y retrouvera l’archevêque de Canterbury, le Dr Justin Welby, ainsi que celui qui vient d’être élu modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse, le pasteur Iain Greenshields. Les deux responsables religieux accompagneront le pape pendant tout son voyage au Soudan du Sud.
Ce pays, indépendant depuis 2011, a vu s’entredéchirer sa population entre 2013 et 2018, au cours d’une guerre sanglante, qui a fait près de 400 000 morts et plusieurs millions de déplacés. Le Saint-Siège, engagé depuis longtemps dans les discussions dans ce pays déchiré par la guerre civile, avait organisé en avril 2019 une rencontre entre les belligérants locaux, au Vatican.
Au terme de cette « retraite spirituelle » de 24 heures entre des hommes en guerre, le pape s’était agenouillé devant ses interlocuteurs. Le geste accompli par cet homme en blanc baisant les pieds d’ennemis réunis dans la même pièce, pour les implorer de faire la paix, avait laissé les belligérants stupéfaits. L’image avait fait le tour du monde. Aux côtés du primat de la Communion anglicane, le Dr Justin Welby, et de Martin Fair, le modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse, le pape François avait promis de se rendre dans leur pays.
L’étape sud-soudanaise, qualifiée par le Vatican de « pèlerinage œcuménique de paix aux terres et au peuple sud-soudanais », commencera donc le mardi 5 juillet par une visite au palais présidentiel de Juba, où le pape sera accueilli par le président Salva Kiir puis, trente minutes plus tard, par les cinq vice-présidents du pays. Des rencontres privées à l’issue desquelles il s’exprimera devant les autorités et le corps diplomatique.
Visite aux déplacés
Le lendemain, mercredi 6 juillet, François rendra visite aux déplacés internes du pays, dans un camp situé près de la capitale, où il prononcera un discours. Puis s’entretiendra en fin de matinée, en privé, avec des jésuites du pays. En fin d’après-midi, il rejoindra les évêques, prêtres, religieux, religieuses et séminaristes à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, avant de participer en fin de journée à une prière œcuménique au Mausolée John Garang, où repose ce héros de la guerre d’indépendance sud-soudanaise, mort dans un accident en 2005.
C’est d’ailleurs dans ce même lieu que le pape François célébrera une messe, jeudi 7 juillet, au matin de son dernier jour en Afrique. Il quittera ensuite Juba à 11 h 15, pour arriver à Rome à 18 h 05.
Loup Besmond de Senneville (à Rome)