Deux prêtres jésuites tués au Mexique, miné par la violence armée
22 juin 2022Deux prêtres jésuites ont été tués lundi 20 juin en tentant de défendre un homme qui cherchait refuge à l’intérieur de l’église de Cerocahui, dans le nord du Mexique, a annoncé le provincial mexicain de la Compagnie de Jésus. Ce double meurtre survient dans l’un des pays les plus dangereux au monde, notamment pour les ecclésiastiques.
Les faits se sont déroulés dans l’après-midi du lundi 20 juin à Cerocahui, dans la sierra Tarahumara, un massif montagneux de l’État de Chihuahua, dans le nord du Mexique.
Les prêtres jésuites Javier Campos et Joaquin Mora ont été tués « dans le contexte de la violence » qui mine ce pays, « après avoir tenté de défendre un homme qui cherchait refuge dans l’église et qui était poursuivi par une personne armée », indique Luis Gerardo Moro Madrid, provincial de la Compagnie de Jésus au Mexique, cité mardi 21 juin dans un communiqué de la Curie généralice des jésuites à Rome.
Le père Campos était supérieur de la communauté locale depuis 2012, ainsi que vicaire épiscopal de ce diocèse chargé de la pastorale auprès des populations indigènes. Le père Mora était vicaire coopérateur de la paroisse auprès des populations indigènes et métisses.
« Indignation »
« En ce moment, nous négocions avec les autorités fédérales et de l’État pour la sécurité de nos frères jésuites » restés sur place – au nombre de trois – « et de l’équipe pastorale de la paroisse », ajoute le provincial, en exprimant sa « profonde tristesse » et son « indignation ». Dès « demain, nous condamnerons publiquement cette tragédie et exigerons une enquête rapide et la sécurité de la communauté », poursuit-il.
Supérieur général de la Compagnie de Jésus depuis 2016, le Vénézuélien Arturo Sosa s’est dit « choqué » par cette nouvelle. « Mes pensées et mes prières vont aux jésuites du Mexique et aux familles de ces hommes. Nous devons mettre fin à la violence dans notre monde et à tant de souffrances inutiles », a-t-il souligné.
« Guerre de la drogue »
Si le Mexique a enregistré en 2021 un léger recul de 3,6 % des homicides perpétrés sur son sol par rapport aux records de 2019 et 2020, il est resté l’un des pays les plus dangereux au monde, avec une moyenne de 91,25 meurtres par jour, sur fond de « guerre de la drogue » que livrent les cartels au gouvernement ou entre eux.
Six des 32 États mexicains concentrent 50 % des victimes d’homicides : parmi ceux-ci figure le Chihuahua, situé le long de la frontière avec les États-Unis, l’une des plaques tournantes du trafic de stupéfiants. Le pays est considéré comme
particulièrement dangereux pour les journalistes, mais aussi pour les prêtres. « La liberté de culte au Mexique est minée et gravement menacée par le crime organisé », affirmait en 2018 le père Sergio Omar, directeur du portail de nouvelles catholiques CCM, dans un entretien diffusé par l’organisation Aide à l’Église en détresse (AED).
Selon le rapport de l’agence pontificale Fides, 4 des 22 missionnaires tués dans le monde en 2021 l’ont été au Mexique.
Benoît Fauchet