Isidore Chautard, notre papa, aurait eu cent trois ans ce 15 octobre 2022 puisqu’il est né le 15 octobre 1919 à Lapte (Haute Loire).

Il nous a quittés le 20 juin 2001, il y a 21 ans, le dernier jour du printemps comme pour nous dire qu’il a fait le choix de la jeunesse et que sa jeunesse est éternelle !
Il aimait particulièrement le rugby qu’il a pratiqué comme joueur puis comme dirigeant. Il a commencé à travailler à 14 ans dans une imprimerie à la suite de sa réussite au certificat d’études. Il a terminé sa carrière en 1979 alors qu’il était directeur de l’hôpital de Privas en Ardèche. Une carrière incroyable, qui serait totalement impossible aujourd’hui. Il s’est marié le 4 février 1945 avec Andrée Ferlat qu’il a connue à la jeunesse ouvrière chrétienne.
Ils ont eu quatre enfants : Marie, Denis, Paul et Jean.
Encore aujourd’hui son absence nous fait : nous sommes amputés d’une partie de nous-même. Mais il nous accompagne chaque jour !  C’est lui qui nous montré le chemin de l’attention aux petits et aux pauvres. C’est lui qui nous a appris à ne pas juger, à accueillir, à respecter. Il était d’une grande sensibilité. Il s’engageait pour les sans-abris, les exclus, les mal-logés. Il vivait une foi profonde : mélange de la « foi du charbonnier » et de sa formation (dans l’Action Catholique) qui l’invitait aux actes.
Il s’est battu pour vivre et faire vivre sa famille, pour donner du sens à la vie pendant et après la guerre de 39-45, la période la plus « noire » de notre histoire !
Il n’a pas connu son père emporté trop tôt par la maladie. Sa maman a repris la responsabilité de contremaitre du moulinage de soie de son mari à Lapte (Haute Loire). Elle n’a guère pu s’occuper de son petit dernier qui a été élevé par Denise (ma marraine) sa sœur aînée restée à la maison, qui est devenue sa deuxième maman et dont le décès dans les années 80 l’a profondément « ébranlé ». Les dernières années que j’ai partagées avec lui il m’a beaucoup interrogé sur ce qui allait se passer après sa mort. Il me disait sous forme de galéjade : « est-ce que je pourrais aller à la pêche, jouer à la belotte, jouer à la pétanque ? »
Isidore n’était pas un « bavard ». Il communiquait par un regard, une caresse, une colère. Il était « tout en actes » : amoureux, tendre et « contemplatif » !
Il ne nous a laissés ni or ni argent, mais il nous a montrés le chemin de l’amour, de la foi, de la solidarité et de la justice. Ce qu’il nous a transmis, c’est ce qui est « ma raison de vivre aujourd’hui », ce que je transmets à mon tour à mes proches, à mes enfants « de cœur » !
Il se contentait de peu. Il partageait tout. Il a gardé jusqu’à la fin ses beaux-parents à la maison.
Pendant des mois il allait arroser le jardin d’une mamie à 5h du matin avant de se rendre au travail ! Avec les quelques sous qu’il avait pu gagner il nous a emmenés quelques jours en vacances à Annecy, au Mont blanc, dans le massif du Pelvoux, à Marseille. (à 7 personnes dans une 403 Peugeot avec la grand-mère, le réchaud et la cocotte-minute !)

Denis Chautard

Le 15 octobre 2022

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