Le pape François est escorté par le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa (à droite), alors qu'il quitte le Palais royal, à Manama, le 3 novembre 2022. © Marco Bertorello, AFP

Le pape François est escorté par le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa (à droite), alors qu'il quitte le Palais royal, à Manama, le 3 novembre 2022. © Marco Bertorello, AFP

Le pape François est arrivé jeudi à Bahreïn pour une visite de quatre jours. Devant les autorités du royaume, il a appelé à ce "que les droits humains fondamentaux ne soient pas violés, mais promus" et a plaidé pour des "conditions de travail sûres et dignes de l'Homme", à moins de trois semaines du coup d'envoi du Mondial au Qatar.
Une première pour un souverain pontife : le pape François est arrivé, jeudi 3 novembre, pour une visite de quatre jours à Bahreïn, où il devrait insister sur le dialogue avec l'islam.
À son arrivée, il s'est rendu directement au palais, salué le long de son parcours par une troupe de danseurs vêtus de la longue robe traditionnelle blanche du Golfe ainsi que par les drapeaux de Bahreïn et du Vatican brandis par des officiers juchés sur des chevaux.
Il a été salué dans la cour du palais royal par 21 coups de canon, au son de l'hymne du Vatican.
Le respect, la tolérance et la liberté religieuse, "reconnus par la Constitution" du pays, doivent être "constamment mis en pratique afin qu'il n'y ait pas de discrimination et que les droits humains fondamentaux ne soient pas violés, mais promus", a déclaré le pape François lors d'un discours devant les autorités, la société civile et le corps diplomatique au palais d'Al-Sakhir, à Awali.
À trois semaines de l'ouverture du Mondial de football au Qatar voisin, pointé du doigt notamment pour le sort de ses travailleurs étrangers, le pape a appelé à ce que soient "partout garanties des conditions de travail sûres et dignes de l'Homme".
Pour le pape, Bahreïn doit être "un phare" dans la promotion des droits 
Dénonçant le "travail déshumanisant" qui représente "une atteinte à la dignité humaine" dans les sociétés contemporaines, le pape a exhorté Bahreïn à être "un phare dans la promotion dans toute la région des droits et des conditions équitables et meilleures pour les travailleurs, les femmes et les jeunes".
Selon lui, il est aussi nécessaire de "garantir respect et attention à ceux qui se sentent les plus en marge de la société, comme les émigrés et les détenus".
État insulaire de 1,4 million d'habitants, Bahreïn a formalisé ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80 000 catholiques selon le Vatican, venus essentiellement d'Asie du sud-est, d'Afrique, du Moyen-Orient et de pays occidentaux.
Cette visite, la 39e à l'étranger de François est la seconde dans la péninsule arabique depuis son voyage historique aux Émirats arabes unis en 2019. Ce déplacement devrait surtout faire la part belle au dialogue interreligieux, dont le pape François est un fervent défenseur.
Il s'exprimera vendredi devant le "Conseil des sages musulmans" à la Mosquée du palais royal et rencontrera le grand imam d'Al-Azhar du Caire, institution respectée de l'islam sunnite, avec lequel il avait signé à Abou Dhabi un document fondateur sur la fraternité humaine.
"La rencontre de ces deux figures musulmane et chrétienne est un honneur pour Bahreïn", a déclaré à l'AFP Cheikh Dr. Abdul Latif Al-Mahmoud, membre du Conseil suprême des affaires islamiques de Bahreïn.
Discriminations contre les chiites
Organisée dans le cadre d'un forum de dialogue entre l'Orient et l'Occident, cette visite est toutefois pointée du doigt par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent notamment les discriminations contre la communauté chiite du pays.
Mardi, neuf ONG ont appelé le pape à "exiger publiquement que Bahreïn mette fin à toutes les exécutions, abolisse la peine de mort et enquête sérieusement sur les allégations de torture et les violations du droit à un procès équitable".
Dans un rapport publié lundi, Human Rights Watch a critiqué une "marginalisation ciblée" de l'opposition politique, estimant qu'on "ne peut pas qualifier Bahreïn de démocratie".
De son côté, le pays entend jouer la carte de la tolérance religieuse pour adoucir son image internationale. Le gouvernement a assuré que "la liberté de religion et de culte sont des droits protégés par la Constitution".
"Le Royaume ne tolère pas la discrimination, la persécution ou la promotion de la division fondée sur l'appartenance ethnique, la culture ou la foi", a-t-il ajouté.
Plusieurs visites dans des pays musulmans
Le long des routes, des drapeaux jaune et blanc du Vatican jouxtent ceux du pays et des affiches à l'effigie du jésuite argentin ont été installées comme à la cathédrale Notre-Dame d'Arabie, la plus grande église catholique de la péninsule, inaugurée en décembre 2021.
Samedi, le pape célébrera une messe dans un stade à laquelle quelque 28 000 chrétiens sont attendus.
"Après le Covid, c'est une joie que cette famille (la communauté catholique de Bahreïn) revienne" à l'Église, se félicite le père Xavier Marian D'Souza, curé de l'église du Sacré-Cœur où le pape se rendra dimanche.
Depuis son élection en 2013, le chef des 1,3 milliard de catholiques s'est rendu dans une dizaine de pays à majorité musulmane, notamment en Jordanie, en Turquie, en Bosnie-Herzégovine, en Égypte, au Bangladesh, au Maroc et en Irak.
Toujours affaibli par des douleurs au genou, il se déplace désormais en fauteuil roulant et avait confié à la mi-septembre que sa gonalgie n'était "pas encore guérie".
France 24 avec AFP

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