Vittorio Moriggi et Marie-Louise Roinsard sont venus raconter leurs souvenirs devant la caméra des lycéens. ©Le Démocrate vernonnais

Vittorio Moriggi et Marie-Louise Roinsard sont venus raconter leurs souvenirs devant la caméra des lycéens. ©Le Démocrate vernonnais

Une trentaine de lycéens de Vernon (Eure) se sont relayés plusieurs jours pour tourner un documentaire qui retrace l'histoire de l'immigration italienne à Saint-Marcel. 
Ils sont quatre, tous affairés autour d'une caméra, d'un micro et d'un ordinateur. Mayssene, Alexy, Fadma et Darah sont tous élèves au lycée Georges-Dumézil à Vernon et suivent les cours d'italien de Paola Bertilotti et Barbara Strapazzon. Jeudi 5 janvier, ils étaient réunis dans la maison de la Grande Garenne, à Saint-Marcel, pour tourner une partie de leur documentaire consacré à l'histoire des immigrés italiens de la Cité Meyer.
Sur plusieurs jours, des élèves du lycée Georges-Dumézil de Vernon (Eure), ont organisé un tournage dans le cadre du documentaire qu’ils réalisent pour raconter l’immigration italienne de Saint-Marcel. Jeudi 5 janvier 2023, ils étaient quatre à se répartir le travail. 
Connaissez-vous l’histoire de la Cité Meyer et des immigrés italiens à Saint-Marcel (Eure) ? Des élèves de Première et Terminale du lycée Georges-Dumézil de Vernon réalisent un documentaire pour garder une trace de cet épisode du passé. 
Ils sont quatre, tous affairés autour d’une caméra, d’un micro et d’un ordinateur. Mayssene, Alexy, Fadma et Darah sont élèves au lycée Georges-Dumézil, et suivent les cours d’italien de Paola Bertilotti et Barbara Strapazzon.
Jeudi 5 janvier 2023, ils étaient réunis dans la maison de la Grande Garenne, à Saint-Marcel, pour tourner une partie de leur documentaire consacré à l’histoire des immigrés italiens de la Cité Meyer.
Un projet né d’une rencontre
« L’objectif est de donner de la visibilité à l’histoire locale », assure Barbara Strapazzon. Pendant trois jours, une trentaine d’élèves qui suivent les cours d’italien se sont relayés pour diriger les tournages.
« Le projet est né d’une rencontre entre les élèves et Vittorio Moriggi, témoin de la cité et historien. En 2019, il est venu en classe avec son livre pour parler de l’histoire particulière de cette seule cité italienne créée en Normandie. »
Paola Bertilotti, professeure d’italien au lycée Georges-Dumézil.
Commence alors un vrai travail sur l’histoire de l’immigration italienne, avec notamment le prêt de l’exposition Ciao Italia, qui rend compte de l’histoire de la présence italienne en France, par le Musée de l’histoire et de l’immigration de Paris.
Par la suite, une série de rendez-vous avec d’autres témoins devait être organisée : « Le premier était prévu en février 2020, mais le Covid a tout chamboulé. »
Les rencontres ont finalement eu lieu en 2021, et elles ont fait germer l’idée d’un nouveau projet : celui de compiler les témoignages et d’en faire un documentaire.
« On ne pensait pas qu’une telle histoire existait près de Vernon »
« Tout au long de l’année scolaire 2021-2022, les élèves ont mené un travail de recherche qui a servi à préparer le documentaire sur lequel ils travaillent cette année », complète Paola Bertilotti. Pour cela, ils ont pu compter sur le soutien de Vittorio Moriggi et d’Isabelle Laurence, l’archiviste de Vernon. 
Pour apprendre à faire ce documentaire, les élèves sont accompagnés par Daniela de Felice, une réalisatrice franco-italienne installée entre Caen et Paris. « Nous avons eu deux séances d’écriture en se basant sur les histoires racontées par Vittorio Moriggi. On a ensuite rédigé des questions sur lesquelles ils ont travaillé », précise la réalisatrice.
Ils sont quatre, tous affairés autour d'une caméra, d'un micro et d'un ordinateur. Mayssene, Alexy, Fadma et Darah sont tous élèves au lycée Georges-Dumézil à Vernon et suivent les cours d'italien de Paola Bertilotti et Barbara Strapazzon. Jeudi 5 janvier, ils étaient réunis dans la maison de la Grande Garenne, à Saint-Marcel, pour tourner une partie de leur documentaire consacré à l'histoire des immigrés italiens de la Cité Meyer.
À l’issue du tournage, elle reviendra au lycée pour assister les élèves sur le montage des images. Une fois terminé, le documentaire sera projeté à Vernon.
Recueillir  des témoignages
« On ne pensait pas qu’une telle histoire existait près de Vernon », reconnaissent les élèves, à quelques minutes d’entamer leur tournage. Pendant plusieurs jours, ils ont reçu des témoins pour que ces derniers racontent leurs souvenirs.
« Chaque témoin est interrogé sur une thématique et vient avec des objets en lien avec ses souvenirs », explique Mayssenne, la seule élève de Terminale présente jeudi, et qui occupait le poste de réalisatrice. Avec elle, trois élèves de Première se sont répartis le son, la lumière et le cadrage.
« Nous avons organisé les tournages en amont, avec un plan précis, des questions préparées et des voix off déjà écrites. »
Mayssenne, élève de Terminale. 
Ce jeudi, les élèves ont dû recueillir le témoignage de Marie-Louise Roinsard, une petite-fille d’immigrés italiens, accompagnée de Vittorio Moriggi. Pendant deux heures, face à la caméra, les deux témoins ont fait défiler les photographies et les documents d’archives, qu’ils alimentent de leurs anecdotes.
Ils sont quatre, tous affairés autour d'une caméra, d'un micro et d'un ordinateur. Mayssene, Alexy, Fadma et Darah sont tous élèves au lycée Georges-Dumézil à Vernon et suivent les cours d'italien de Paola Bertilotti et Barbara Strapazzon. Jeudi 5 janvier, ils étaient réunis dans la maison de la Grande Garenne, à Saint-Marcel, pour tourner une partie de leur documentaire consacré à l'histoire des immigrés italiens de la Cité Meyer.
« Il y avait une élection de Miss Cité Meyer, c’est mon oncle Rémo et quelques amis qui s’occupaient de ça. C’était une fête où tous les Italiens se retrouvaient », témoigne Marie-Louise Roinsard, dont les grands-parents ont immigré à Saint-Marcel dans les années 1920 (lire encadré). 
Comment est née la Cité Meyer ? 
Embauchés par l’industriel Nathan Meyer pour ses filatures de Saint-Marcel en 1923, des ouvriers venus, avec leur famille, de la région de Bergame, en Italie. Ces ouvriers, environ 86 personnes, sont à l’origine de la colonie italienne de Vernon-Saint-Marcel.Un bureau spécialisé dans l’immigration italienne et un solide réseau de part et d’autre des Alpes ont permis la rapide augmentation du nombre d’Italiens à Saint-Marcel. Les ouvriers étaient logés près de leur lieu de travail, dans la Cité Meyer, et avaient les mêmes droits que les ouvriers français.La crise économique qui sévissait en Italie à cette période a favorisé le départ de familles entières. Il y eut jusqu’à 270 Italiens à Saint-Marcel à la veille de la Seconde Guerre mondiale, soit 22 % de la population de la ville.La Cité Meyer était une véritable cité italienne avec sa chapelle, sa pouponnière, sa coopérative, l’aide médicale gratuite et, bien sûr, une équipe de football.
Julie, ancienne élève du lycée qui a participé au travail de documentation l’année dernière, est revenue pour assister au tournage.
« En découvrant tous ces témoignages, je me sens encore plus concernée. »
Julie, ancienne élève du lycée Georges-Dumézil.
En effet, Julie fait partie de ces descendants d’immigrés italiens et a pu en apprendre plus sur ses origines et son histoire grâce à ce projet. Pour d’autres élèves, l’étude de la Cité Meyer a permis de retrouver des proches disparus.
« Une de mes élèves, qui n’avait pas connu sa grand-mère, l’a reconnue sur une photo apportée en classe par Vittorio Moriggi. L’historien l’a mise en contact avec un proche de sa grand-mère qui a pu lui raconter son histoire », relate Paola Bertilotti.
« Je trouve cela tellement intéressant que des jeunes se penchent sur l’histoire originale de la ville », s’est ému Vittorio Moriggi une fois la caméra éteinte. Et c’est là tout l’objectif du projet mené par les lycéens : laisser une trace de l’Histoire.
« L’idée c’était vraiment de montrer que la mémoire existe encore et qu’il reste une trace de cette histoire », conclut Paola Bertilotti. 
Mélissa Prou
Le Démocrate Vernonnais

Lien à la Source

Retour à l'accueil