Assemblée synodale Européenne du 5 au 10 février 2023 à Prague

L’Assemblée synodale européenne sur l’avenir de l’Église s’est tenue à Prague du 5 au 10 février 2023. Il s’agit de l’étape européenne du synode sur la synodalité qui a rassemblé 600 personnes. A cette occasion, le père Tomas Halik, théologien tchèque et sociologue des religions, a pris la parole en guise d’« introduction spirituelle ». Un discours magistral qui en appelle à de véritables réformes dans l’Eglise.


« Nous devons dire clairement et de manière compréhensible ce que le christianisme européen d’aujourd’hui veut et peut faire pour répondre aux joies et aux espoirs, au chagrin et à l’angoisse de notre planète entière – cette planète qui est aujourd’hui interconnectée de multiples façons et qui, en même temps, est divisée et menacée, à l’échelle mondiale, à bien des égards. » Selon Tomas Halik : « La tâche permanente de l’Église est la mission. Mais elle ne peut aujourd’hui correspondre à une quelconque reconquista, cette expression nostalgique d’un temps révolu. Ni d’ailleurs, au prosélytisme, à la manipulation, ou à une tentative de pousser les chercheurs aux frontières mentales et institutionnelles existantes de l’Église. Bien au contraire, ces frontières doivent être élargies et enrichies précisément par les expériences des chercheurs. (…) Si nous prenons au sérieux le principe de synodalité, alors la mission ne peut être comprise comme un processus unilatéral, mais plutôt comme un accompagnement dans un esprit de dialogue, une quête de compréhension mutuelle. » Et de poursuivre : « L’Église a un besoin urgent d’alliés. Nous ne devons pas aborder les autres avec l’orgueil et l’arrogance des détenteurs de la vérité. (…) La vérité est un livre qu’aucun d’entre nous n’a encore lu jusqu’au bout. Nous ne sommes pas les propriétaires de la vérité, mais les amoureux de la vérité et les amoureux de l’Unique qui est autorisé à dire : “Je suis la Vérité” ».


Alors que le côté le plus sombre de la mondialisation se manifeste aujourd’hui, Tomas Halik constate : « Je crois que le tournant du christianisme vers la synodalité, la transformation de l’Église en une communauté dynamique de pèlerins peuvent avoir un impact sur le destin de toute la famille humaine. (…) Le christianisme européen a-t-il aujourd’hui le courage et l’énergie spirituelle nécessaires pour écarter la menace d’un “choc des civilisations” en transformant le processus de mondialisation en un processus de communication, de partage et d’enrichissement mutuel, en une civitas ecumenica, une école d’amour et de “fraternité universelle” ? » Des constats et des questionnements d’une grande lucidité. On peut regretter toutefois que les débats et les interventions qui ont suivi cette introduction de Tomas Halik aient été très lisses.

 

Alexandre Ballario 

 

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