1918 Marc Chagall Pourim Huile sur toile Philadelphia, Museum of Art

1918 Marc Chagall Pourim Huile sur toile Philadelphia, Museum of Art

Nous nous réjouissions l’an passé de fêter Pourim comme “avant”. Avant la pandémie. Avant la guerre. “Avant”, Quoi…

Cette année, Qui s’aventurerait à dire le goût des jours. Le Pays va mal et les Juifs, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, de France, d’Israël ou d’ailleurs, sont soucieux devant la gravité de la situation intérieure et extérieure.

Plus que jamais se souvenir et fêter, œuvrer pour une fraternité précieuse.

Parmi les innombrables commentaires écrits sur les fêtes juives, l’un des plus remarquables est celui de Rabbi Chnéour Zalman de Lady, grand maître du Judaïsme. Le rabbin Adin Steinsaltz a commenté cette pensée dans une série d’entretiens télévisés avec le rabbin Josy Eisenberg[1], ces dialogues éclairant la signification profonde de nos fêtes très souvent liées aux événements-clés de la Bible.

Pourim est une fête importante, voire capitale, pour le judaïsme : mémoire de génocide et commémoration de notre salut par l’intervention divine, Pourim est la fête anniversaire et commémorative de la délivrance des juifs, sous le règne d’Assuérus.

Alors que le monarque a répudié l’altière Vasthi et a épousé la nièce de Mordeh’ai, la belle et vertueuse Esther, Mordeh’ai a surpris entre temps un complot contre le roi et a prévenu Esther : le roi est sauvé.

C’est encore Esther qui fera révoquer l’édit sanglant que le cruel Vizir Haman, homme le plus riche de son temps et adoubé pour sa richesse, avait arraché au monarque contre tous les juifs répandus, depuis la Captivité, dans le vaste empire des rois Persans.  Ulcéré de voir que Mordeh’ai est le seul à ne pas se prosterner devant lui, Haman a décidé d’en finir avec tous ces juifs qui refusent l’idolâtrie : tous les juifs seront donc massacrés, à un jour donné, dans toute l’étendue de l’empire. Et Mardochée, ayant appris ce qui avait été arrêté, déchira ses vêtements, se couvrit d’un sac, répandit des cendres sur sa tête, et parcourut les rues en poussant des cris lamentables […] Il arriva ainsi devant le palais, mais vêtu comme il l’était, il ne lui était pas permis d’y pénétrer […] Et Mardochée fit dire à Esther ce qui s’était passé et lui communiqua une copie du décret de proscription rendu contre les juifs de Suze, et lui ordonna d’entrer chez le roi afin de le supplier et de lui demander grâce pour son peuple (Esther 4:8).

Or il n’était permis à personne de pénétrer auprès du prince sans en avoir été prié, et quiconque bravait cette interdiction était condamné à mort, à moins qu’à l’instant même, en signe de grâce, le monarque ne tendît son sceptre vers cette même personne. Esther hésita donc, mais elle fit répondre à Mardochée : Va, rassemble tous les juifs de Suze, qu’ils jeûnent à mon intention […] je jeûnerai de même avec mes filles, et ainsi préparée, j’irai trouver le roi, contente de mourir, si je dois mourir (Esther 4:16). Voilà Esther devant le roi : elle demande l’abolition de l’édit, instruisant Assuérus de tout et démasquant le funeste projet d’Aman. Le roi, qui entretemps a appris que Mordeh’ai a déjoué un complot contre lui, consulte Haman et lui demande son avis : que faire d’un homme qui vous a sauvé la vie ? Haman, pour avoir cru que le roi parlait de lui, se retrouva pendu au gibet préparé par lui-même pour Mordeh’ai.

Le terrible édit fut révoqué : Et ils firent appeler les écrivains du roi qui écrivirent tout ce que Mardochée ordonna concernant les juifs, aux pachas et gouverneurs des cent vingt-sept provinces de l’empire, à chaque pays suivant son langage et aux juifs selon leur langue. Et l’on écrivit au nom du roi, on scella les dépêches, et on les fit porter par des courriers montés sur des chevaux, des mulets ou des dromadaires (Esther 8:9-10).

L’ordre de suspendre l’exécution arriva partout à temps. Et le quatorzième jour du douzième mois, du mois d’Adar (février-mars), jour fixé pour l’exécution ainsi arrêtée, les juifs firent des illuminations, des fêtes joyeuses, des réjouissances et des festins […] et s’envoyèrent réciproquement des présents […] et firent des dons aux pauvres. Car Haman, fils d’Hamdatha, de la race d’Agag, persécuteur de tous les juifs, avait eu le projet de les exterminer tous, et il avait jeté des pour c’est-à-dire des sorts pour connaître le jour qui lui serait le plus favorable pour les anéantir […] c’est pour cela que ces jours de fêtes s’appellent Pourim (Esther 9:22-26).

Tout cela est rappelé dans le Livre d’Esther, dit Meghila, et dans l’Esther de Racine :

Dieu fait triompher l’innocence :

Chantons, célébrons sa puissance

Sarah Cattan

 

Lien à la Source

 

[1] Le Chandelier d’Or, Josy Eisenberg et Adin Steinsaltz, Editions Verdier, Paris, 1988.

 

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