Funérailles de Jean-Jacques MERLAND jeudi 25 mai 2023, Collégiale Notre Dame de Vernon (Eure)

Jean-Jacques MERLAND Paris 9 février 1942 – Vernon, 17 mai 2023

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants » Jean d’Ormesson.

Témoignage de Denis CHAUTARD prêtre à Vernon  :
« Jean-Jacques et Marie-France MERLAND sont des amis de 30 ans Nous avons vécu nos premières vacances communes dans les Pyrénées à l’été 1994. Et depuis chaque été nous nous sommes retrouvés. Jean-Jacques et Marie-France se sont mariés à Paris le 11 février 1966 alors que Jean-Jacques venait tout juste de fêter ses 24 ans. Ils ont adopté 6 enfants : Jean-Pierre, Véronique, Isabelle, Marie-Laure, Nicolas et bébé François victime d’une malformation cardiaque et décédé peu de temps après son adoption le 11 août 1985. Voilà le premier signe d’une très grande générosité. Ils sont aujourd’hui grands-parents de 16 petits enfants. J’ai béni le mariage de trois de leurs enfants et célébré le baptême de 3 petits enfants.
Jean-Jacques est l’un des pionniers de la neuroradiologie vasculaire interventionnelle, qu'il a contribué à développer en France, une technique que l’on appelle « l’embolisation artérielle » et qui consiste à traiter une hémorragie en refermant la plaie depuis l’intérieur de l’artère.
En 1974, il a réalisé la première embolisation artérielle utérine.
Il a été pendant des années chef du service de neuroradiologie et radiologie interventionnelle vasculaire à l'hôpital Lariboisière de Paris. Il a formé dans son hôpital et partout dans le monde de très nombreux médecins qui ont sauvé des milliers de vies en particulier dans les cas de rupture d’anévrisme.
Ma filleule et nièce Véronique victime d’une rupture d’anévrisme il y a 20 ans environ dans les cévennes Gardoises. Elle a été prise en charge immédiatement par les secours, transportée par hélicoptère au C.H.U. de Montpellier et a été sauvée grâce à le technique d’embolisation mise au point par Jean-Jacques.
Toute ma famille lui témoigne d’une immense reconnaissance.
Le 14 octobre 2008, il reçoit, à Paris, des mains du Professeur Christian CABROL, pionnier de la greffe cardiaque, la médaille d’officier de la Légion d'honneur, en présence du ministre de la santé Roselyne BACHELOT.
Jean-Jacques a toujours fait passer l’humain en premier : l’accueil et la disponibilité auprès de de ses patients. Il a donné le meilleur de lui-même en particulier auprès de ceux qui sans lui n’auraient pas eu accès aux soins indispensables à leur santé. Son travail et son humanisme sont un très beau témoignage du « serment d’Hippocrate » qui a inspiré toute sa vie de médecin.
Il a été victime – il y a plus de 20 ans - d’un grave accident de ski qui a provoqué d’énormes lésions cérébrales qui l’ont privé – un temps – du langage et de sa mobilité physique.
Avec un courage et une énergie extraordinaires il a réussi à recouvrer l’essentiel de ses capacités physiques et mentales.
Ce qui me touche le plus chez Jean-Jacques c’est sa foi : la foi a toujours été une lumière sur sa route. Elle se traduisait en générosité, en simplicité, en humilité et en accueil de l’autre.
Sa foi était inusable, indestructible ! Il pouvait être triste, fatigué, abattu mais jamais « défait ». Grâce à la foi il osait l’impossible avec une force et une ténacité exceptionnelles.
Nous avons fêté avec Jean-Jacques ses 81 printemps dans sa chambre de la Résidence Auguste Ridou le 9 février dernier. Tous les soignants de l’étage sont venus l’entourer et lui chanter un « Joyeux Anniversaire ».
Dimanche 14 mai, trois jours avant son décès nous avons prié avec lui dans sa chambre d’hôpital. La confiance et la paix avaient élu domicile chez lui.
Repose en Paix Jean-Jacques 
Le Seigneur t’accueille auprès de lui. »

Témoignage des élèves du Professeur Jean-Jacques MERLAND publié sur le site Internet de la Société Française de Neuroradiologie :

« Le décès du Professeur Merland nous a plongés dans une profonde tristesse.
C’est non seulement un géant qui nous quitte mais également une partie de notre vie qui part avec lui.
Il a marqué son temps par son sens de l’observation et sa créativité mais aussi sa méticulosité et sa patience. Il a ainsi été l’un des principaux fondateurs de la neuroradiologie interventionnelle. Mais en plus d’être un technicien hors pair, il avait une personnalité hors du commun dotée d’une dimension charismatique et empreint d’une grande foi et d’un grand humanisme, entièrement dédiée au patient. C’est dans ce but qu’il a œuvré pour diffuser les connaissances dans ce domaine, ayant très tôt compris à quel point cette activité allait se développer et en particulier ayant prédit longuement à l’avance le traitement endovasculaire de l’accident vasculaire cérébral. Élève de René Djindjian, il a créé l’école de Lariboisière, accueillant de nombreux médecins du monde entier pour leur permettre d’acquérir une formation en Neuroradiologie Interventionnelle. Son soutien allait bien au-delà de la formation initiale, restant très proche de ses anciens élèves, les encourageant en permanence, leur témoignant sa bienveillance.
Monsieur Merland était curieux de tout, et allait chercher dans d'autres spécialités les connaissances techniques et cliniques pour faire progresser la prise en charge de maladies complexes. Il a su réunir différentes spécialités, dans des réunions et des consultations, qui ont grandement amélioré la compréhension de pan entier de pathologie comme les malformations vasculaires. Il a permis l'émergence de classifications simplifiant et clarifiant de nombreux domaines, en étant toujours tourné vers une prise en charge thérapeutique utile. Son domaine d'expertise s'étendait au-delà de la neuroradiologie interventionnelle, en particulier en radiologie interventionnelle périphérique ; citons les hémorragies rénales, pulmonaires et surtout les hémorragies de la délivrance, les fibromes utérins. Il savait au sein de son équipe insuffler l'envie de défricher des domaines novateurs et s'effacer au moment des publications pour laisser son élève en premier auteur.
En tant qu’élèves du Professeur Merland, nous lui sommes profondément reconnaissant d’avoir non seulement inspiré notre
pratique médicale, tant sur le plan éthique que technique, mais également d’avoir modulé notre environnement professionnel par les amitiés qui se sont développés au sein de cette école.
Ironie du sort, le Professeur Merland a dû interrompre son activité de façon beaucoup trop précoce des suites d’une d’occlusion aigue d’une artère cérébrale après que lui-même ait posé les jalons des premiers traitements endovasculaires intracraniens mais hélas 10 ans avant l’apparition des premiers outils de thrombectomie. Cet handicap ne l’a pas empêché de continuer à suivre avec beaucoup d’intérêt les développements ultérieurs dans le monde de la NRI et de témoigner de sa bienveillance auprès de ses anciens élèves.
Il nous quitte après des derniers mois difficiles. Nous saluons son épouse Marie-France et sa famille à qui nous
transmettons nos condoléances les plus sincères.
Le Professeur Merland s’est éteint mais sa légende vit à travers nous. Nous aurons à coeur de la transmettre. »

Professeur René CHAPOT et les élèves de Jean-Jacques MERLAND

 

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