Saint Jean-Baptiste dans le désert, Peinture sur toile (1838 – 1848) Église Notre-Dame, Chalandray (département de la Vienne)

Saint Jean-Baptiste dans le désert, Peinture sur toile (1838 – 1848) Église Notre-Dame, Chalandray (département de la Vienne)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (1, 6-8. 19-28)

« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas »
« Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement :« Je ne suis pas le Christ.» Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il? Es-tu le prophète Élie ?» Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non.» Alors ils lui dirent : « Qui es- tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ?» Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.» Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ?» Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait. »

Homélie
Au milieu de l'Avent, la joie se fait plus grande. « Frères, soyez toujours dans la joie » nous a dit saint Paul.
 Vous allez me dire : au cœur de toutes ces guerres et de toutes ces violences, c’est un peu dur à entendre ! Et pourtant !
 « Je tressaille de joie dans le Seigneur » proclame le prophète Isaïe. Cette joie est possible car elle a sa source dans la promesse de Dieu. Isaïe a compris que l'Esprit de Dieu, son souffle, allait être donné aux hommes pour guérir leur cœur brisé et inquiet. Il entrevoit cette terre nouvelle comme un jardin où germent la justice et la louange.
 Et c'est bien parce que nous sommes sans cesse accablés par les malheurs de notre monde que nous sommes invités à changer notre regard pour voir ces germes de justice et de louange, tous ces beaux gestes de fraternité qui se vivent discrètement chaque jour.. Dieu ne vient pas nous charger d'une morale lourde, il vient guérir nos cœurs brisés. C'est pour cela que la joie est possible. Une joie qui ne dépend pas de notre caractère, de l'humeur du moment ou des circonstances de la vie. « Réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans le cœur de Dieu » nous dira Jésus. Autrement dit, si vous voulez que votre joie résiste à tous les désagréments de la vie, placez-la en Dieu. Si votre joie repose sur la certitude d'être aimé de Dieu, alors au cœur même de vos échecs, vous n'avez rien à craindre. Votre joie, nul ne pourra vous la ravir. 
Au retour de l'Exil, alors que le prêtre Esdras proclame solennellement la Loi de Moïse devant le peuple rassemblé, tous prennent conscience de leurs infidélités à l'Alliance, tous sont découragés. Esdras leur dit alors : « Ne pleurez pas sur vos péchés. La joie du Seigneur est votre rempart ! Rempart contre l'amertume et le découragement quand vous vous décevez vous-mêmes ! » Gardons cette invitation à la joie profonde et sereine.
 Avec Jean-Baptiste, c'est le mot « témoin » que nous allons retenir. Il est le témoin de la lumière. Il annonce le Christ, il donne envie de le rencontrer. Il n'est pas quelqu'un qui se met en avant, qui raconte sa vie, qui met en valeur ses perfection: « Je ne suis ni le Messie ni le grand prophète, je ne suis qu'une voix » : Une voix qui invite à regarder vers un autre. Un geste qui oriente vers celui dont il témoigne, vers le Seigneur. C'est vers lui que les foules viennent, mais aussitôt, il les dirige vers le Christ. Il ne se présente pas en porteur de vérité, mais il tourne les cœurs vers la vérité. Le faux témoin ou le mauvais témoin cherche, au contraire, à rassembler autour de lui, à fonder sa communauté spécifique. Il surveille sa chasse gardée, il n'a pas confiance dans les autres. Il se nourrit de l'admiration de ses adeptes. La Bible nous met sans cesse en garde contre une admiration plus ou moins aveugle qui nous met à la remorque de quelqu'un.
Thimothy Radcliff, qui fut grand maître des dominicains, raconte que, quand il est rentré au couvent, il admirait certains de ses aînés, et puis, en les fréquentant de plus près, il a découvert qu'ils avaient des défauts, alors, dit-il, j'ai cessé de les admirer et j'ai pu commencer à les aimer. Mes amis, aidons-nous les uns les autres avec beaucoup d'amour, de douceur, de respect, à être les témoins du Christ. Qu'à travers nos paroles et nos actes, même s'ils sont entachés de faiblesses, ceux qui nous côtoient puissent percevoir que nous sommes en relation avec quelqu'un qui nous donne joie et courage, au cœur même de nos vies ordinaires… et que naisse en eux le désir de le connaître.
Il se tient au milieu de nous Celui que nous n’aurons jamais fini de connaître.
Louis DURET
Prêtre du diocèse de Chambéry
 

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