Présentation de Jésus au Temple Greg K. Olsen

Présentation de Jésus au Temple Greg K. Olsen

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,22-40 : 
« Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. 
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. 
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. »

Homélie
Comment recevons-nous, dans la foi, les récits de la sainte famille de Nazareth, comme celui que nous venons d’écouter ? Nous pouvons éprouver de l’admiration, devant une famille sainte, unie, toute simple, à une époque sans matérialisme étouffant, sans médiatisation à l’excès des événements du monde, une famille choisie par Dieu pour une mission exceptionnelle, celle d’accueillir Dieu dans son humanité, dans son peuple, dans sa tradition et sa foi, en vue de se révéler à toute l’humanité.
        Nous pouvons aussi éprouver de la difficulté : ce que certaines de nos familles vivent semble loin de cet idéal : Il y a des événements douloureux, parfois terribles : pauvreté extrême, maladie, disparition tragique précoce, crise dans les relations entre parents, entre parents et enfant, séparation, et sans oublier les couples qui ne voient pas l’enfant venir.
        Ces récits sur l’enfance de Jésus ne cherchent ni à idéaliser, ni à culpabiliser. Alors méditons comment ils peuvent nourrir notre foi et notre espérance, sur ce mystère insondable qu’est la transmission de la vie et que Dieu a confié à nos familles.
        Toute famille accueille la joie comme la souffrance, l’espérance comme le doute. La sainte famille de Nazareth fait partie de nos familles et n’y a pas échappé. Marie et Joseph accomplissent ce qui est prescrit, comme nos familles le font du mieux possible. Ils vont au Temple accomplir les rites prescrits qui constituent le mémorial de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Ils élèvent Jésus du mieux qu’ils le peuvent, dans les conditions de vie de l’époque, non sans s’interroger sur le devenir de cet enfant. Les prophéties de Syméon et d’Anne les troublent, ils sont étonnés, nous rapporte Luc. Ils se laissent surprendre par l’inattendu. Ce qui leur échappe vient d’ailleurs, de bien plus loin, de bien plus haut. Nous aussi, nous sommes parfois surpris et troublés par l’inattendu de nos enfants.
        Alors reconnaissons cette réalité inouïe : Dieu a fait le choix d’être en famille, de naître dans une famille. Il aurait pu faire autrement, par exemple apparaître de manière spectaculaire, avec un scénario à la Hollywood. Dieu a choisi de tisser l’humain avec le divin, dès la conception de Jésus. Dieu a fait le choix d’apprendre à marcher, à parler, à lire, à écrire dans une famille, à ressentir joies et peines, à vivre en relation avec ses semblables dans un petit village, au sein d’un peuple qui vivait sous l’occupation politique et militaire d’une armée étrangère, l’armée romaine, au sein d’un peuple qui attendait quelque chose de Dieu pour le sauver. Oui, cette famille a une place singulière et unique dans l’histoire de l’humanité : Dieu a choisi d’y vivre comme nouveau-né, comme enfant, aujourd’hui on ajouterait comme pré-ado et comme ado, quoique ce temps devait être court car, dans la foi juive, le garçon de 13 ans et la fille de 12 ans étaient considérés comme adultes dans la foi, et les conditions de vie imposaient de travailler dès cet âge. Ce n’était pas forcément simple à vivre.
        Enfant parmi les enfants, homme parmi les hommes, Dieu en Jésus n’a pas cherché le confort et la protection : pensons au lieu improvisé de sa naissance. Il n’a pas échappé aux dangers : n’oublions pas la fuite en Egypte devant les horreurs perpétrées par le roi Hérode qui massacra tant d’enfants. Jésus a vécu une trentaine d’années, avant de commencer son ministère. C’est long, 30 ans. Dieu a pris son temps pour être totalement en humanité avant de se révéler dans sa divinité. C’est aussi cela, la famille : que chaque enfant ait le temps de grandir, d’advenir : ne pas aller trop vite, ne pas brûler les étapes, discerner librement pour l’avenir sans céder aux modes, ne pas donner trop vite son corps à un autre, prendre le temps d’édifier la vie.
        Sur ce chemin long et complexe, la Sainte Famille nous offre une pédagogie. Elle témoigne d’une foi et d’une espérance. Tout spécialement Marie. De la crèche à la croix, de la paille au tombeau, Marie a gardé confiance. La vie n’est possible que si la confiance existe. Car la confiance ouvre à l’amour. Ce long travail d’approche a commencé dans la nuit des temps, aussi loin que la mémoire du peuple d’Israël peut remonter dans le passé. Abraham, le père des croyants, n’attendait plus rien de la vie. Il fit seulement confiance en Dieu : il eut foi en Dieu. Abraham ne pouvait imaginer la descendance de croyants, et pourtant nous en sommes. Marie, elle aussi, garda confiance et fut témoin de la résurrection de Jésus.
        Avec la Sainte Famille, plus rien de ce qui est humain n’est étranger à Dieu, mais surtout, plus rien de ce qui est de Dieu n’est étranger à la famille. Et ceci quelles que soient nos situations de famille. Le rapport final du Synode sur la famille écrit : « Toute famille doit en premier lieu être écoutée avec respect et amour, en se faisant des compagnons de route, comme le Christ avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs » (46). Accueillons-nous, écoutons-nous, soutenons-nous, avec le ressuscité qui nous précède dans la Sainte Famille et qui nous invite à présent avec le don de l’Eucharistie.

Christophe DONNET
Diacre permanent, Diocèse de Saint-Etienne


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