Marie-Ange de Montesquieu ©Radio Notre Dame

Marie-Ange de Montesquieu ©Radio Notre Dame

Voix connue de Radio Notre Dame, la journaliste Marie-Ange de Montesquieu signe, avec douze autres mères, un recueil de témoignages sur la maternité, Nous, mères qui sommes sur Terre. A l'âge de 37 ans, cette mère célibataire a donné naissance à une petite fille, Adèle.
Après l'angoisse et le doute, Marie-Ange de Montesquieu a vécu un retour à la foi grâce à son enfant.

Paris Notre-Dame — Quelles sont les raisons qui vous ont amenée à cosigner un livre sur la maternité ?

Marie-Ange de Montesquieu L'éditeur Artège a eu connaissance de mon histoire et m'a proposé de participer à la rédaction de cet ouvrage. Je rejoins donc onze autres plumes de mères, aux histoires et parcours très différents. J'ai beaucoup hésité à accepter de raconter mon expérience, non pas pour ma propre image, mais pour préserver celles de ma fille et de son père. Puis, j'ai repensé à toutes les femmes célibataires que j'ai pu rencontrer lors de ma grossesse et qui ont choisi d'avorter par peur, notamment du jugement. Ce témoignage me coûte mais s'il permet à des femmes tentées par l'avortement de ne pas y avoir recours, alors je dois le faire. Ma grossesse n'était pas du tout désirée et, durant quinze jours suivant l'annonce, j'ai même pensé à avoir recours à l'IVG. Ce dilemme a été mon premier combat. Pourtant, un autre chemin est possible, même s'il est difficile.

P. N,D. -- Comment avez-vous vécu spirituellement votre grossesse ?

M.-A. M. — Par cette grossesse, j'ai été prise à mon propre piège. Malgré moi, je suis façonnée par mon époque où l'on prône la femme libre et indépendante, se consumant dans la recherche frénétique du bonheur. Mais ce bonheur n'est qu'un leurre qui anesthésie la vie. De 30 à 38 ans, j'ai été coupée de moi-même, corps et âme. Je ne ressentais plus rien. Née dans une famille catholique pratiquante, ma foi était pourtant sans profondeur, très conventionnelle. La maternité a ouvert une brèche en moi d'où jaillit une sensibilité jusqu'alors méconnue. Je n'idéalise pas du tout le fait d'être mère mais j'habite désormais pleinement ma vie. Ma fille m'a réveillée d'un long et mauvais sommeil. Au début, je me suis révoltée : pourquoi moi ? Je me suis rendue compte de l'importance de la prière. La foi est une grâce mais elle est aussi un effort. Je priais en pleurant. La prière donnait un sens à mes larmes. Dans les moments très durs de ma grossesse, j'ai eu des signes de la présence de Dieu. Je me souviens, après une nuit blanche d'angoisse, j'ai demandé au P. Ange Ngamo, du diocèse de Créteil, de bénir mon enfant à naître pour qu'elle ne soit pas malheureuse à cause de mon mal-être. Ce fut un instant très émouvant. À la naissance d'Adèle, la colère et la tristesse se sont muées en abandon total à la Providence. Je me suis accrochée à la prière de saint Charles de Foucauld : « Mon père, je m'abandonne à toi. »

P. N.D. Comment votre fille vous élève dans la foi ?

M.-A. M. — Le jour du baptême d'Adèle, ce sont des larmes de fierté qui ont coulé le long de mes joues. J'ai eu l'intime conviction d'avoir enfin trouvé ma place, celle où Dieu m'attendait. Je comprends que des femmes ne veulent pas avoir d'enfants. Nous vivons dans une société effrayante. Pour autant, ma mission était de donner naissance à Adèle et je n'imagine pas ma vie sans elle. Je souhaite qu'elle soit une goutte d'eau d'espérance pour ce monde, quel que soit son rôle dans la société.

Propos recueillis par Marie-Charlotte Noulens

Paris Notre Dame 23 mai 2024 n°2007 page 4

 

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