Retour de mission de Jean-Yves Millot, diacre permanent de la Mission de France, ordonné en 2015, membre de l'équipe de Dole (Jura).

Récit : nous sommes 29 à vivre « Bible en Comté » durant le week-end de l’ascension à Dole. Annie, avec l’équipe d’animation donne le « la » de ce qui se vit chaque matinée. Pendant ce temps, je fais ce qu’il faut pour que tout ce groupe soit heureux de se retrouver autour d’un repas attrayant, dans une ambiance fraternelle où chacun se sent accueilli, servi et en Paix.

Vers 11 h 15, je rejoins le grand groupe pour écouter les trois groupes qui se retrouvent pour partager les « petites pépites » de leurs questionnements, de leurs échanges de la matinée dans le respect de là où en est chacun. 

  Il n’y a pas de « sachants », pas de « donneurs de vérités », mais simplement des femmes et des hommes, parfois très affectés par la solitude ou les souffrances de la vie qui découvrent ensemble un texte de l’évangile selon St Marc. Chose étonnante cette année, le texte, issu de la traduction de la Bible de l’A.E.L.F. est mis en parallèle avec une traduction proche du texte grec, une traduction plus « littérale » de Philippe, prêtre.

  J’apprends avec intérêt que le mot « guérir » devrait plutôt être traduit par « prendre soin » ! Que le mot péché veut plutôt dire « rater sa cible »… que le fait d’être chrétien envoie à deux choses essentielles : prendre soin de moi et des autres et faire en sorte de lutter contre ses faiblesses, ses fissures, ses addictions.  Cela étonne plusieurs membres du groupe (voir pose question à certain(e)s). Est-il possible de questionner ce qui a été appris dès le plus jeune âge ? Il y a, à ce moment précis, un risque de remise en cause douloureux de la foi. Comment accompagner ce qui se déconstruit ?

 L’écoute bienveillante a permis d’éclairer certaines questions, certaines peurs. Il ne s’agissait pas de remettre en cause la foi acquise mais de nous permettre de basculer vers une « intelligence de la foi » respectant l’écriture telle qu’elle est sans trahir ce qui a été écrit par une traduction trop lisse (voir orientée).

 Être au service de « ce basculement », par une écoute attentive, un regard compréhensif, des mots ajustés me semble faire partie de ma mission diaconale mais plus largement de tout baptisé ayant eu la chance de « faire un bout de chemin » et de grandir vers cette « intelligence de la foi ». Le ministère du diacre est de veiller à ce que LA PAROLE prenne sens pour le plus grand nombre aujourd’hui.
De la même manière lors du dernier « samedi de la fraternité » vécu le 25 mai dernier, nous réfléchissons autour de l’évangile de Marc 10, 13-16 et du verset : « Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. ». Jean Marie, un des participants, nous partage sa découverte après avoir lu que la traduction de ce verset par Jean Marie Petitclerc : « les aimer, les valoriser et les rassurer ». Pour Jean-Marie aussi, il y a eu « basculement ».

 C’est un réel plaisir pour moi de vivre « cette conversion des mots » (et d’avoir le souci de la partager ensuite). En effet, ces « basculements » me font entrer dans le sens premier du texte, parole vivante pour moi, pour nous aujourd’hui encore.

 Jean-Yves MILLOT

 Mai 2024

www.missiondefrance.fr

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