Après le naufrage d'un bateau de migrants, le Premier ministre sénégalais appelle les jeunes à rester en Afrique

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a exhorté la jeunesse sénégalaise à ne pas prendre la mer pour rejoindre l’Europe, quelques jours après un nouveau naufrage. Selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 5 000 personnes sont mortes sur la route des Canaries, dans l’Atlantique, au cours des cinq premiers mois de l’année.

C’est le drame le plus récent mais probablement pas le dernier. Les corps de 89 personnes ont été retrouvés jeudi 4 juillet dans un grand bateau de pêche traditionnel qui a chaviré au large des côtes atlantiques de la Mauritanie, en début de semaine. Quelques jours après ce drame, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a appelé les jeunes à ne pas emprunter la périlleuse route de l'Atlantique vers l'Europe lors d'un discours à l'université Gaston Berger de Saint Louis (nord).

"Un énième naufrage s'est passé au large de nos côtes et qui aurait coûté, en attendant d'avoir les chiffres exacts, la vie à beaucoup de jeunes", a déclaré samedi 6 juillet Ousmane. Sonko. "C'est dommage, c'est déplorable. Je lance encore un appel à la jeunesse : votre solution ne se trouve pas dans les pirogues", a-t-il ajouté, s'exprimant devant des centaines de jeunes. Son discours a été diffusé sur sa page Facebook.

Jeudi, l'agence de presse officielle mauritanienne avait indiqué que les garde-côtes avaient récupéré les corps de 89 personnes dans un gros bateau de pêche traditionnel qui avait chaviré au large de la côte sud-ouest du pays lundi. Neuf passagers, dont une petite fille de 5 ans, ont pu être secourus par les autorités.

L'agence a cité des survivants selon lesquels le bateau était parti de la frontière entre la Gambie et le Sénégal avec 170 passagers à bord, ce qui porte le nombre de personnes manquantes à 72. L'embarcation aurait remonté les côtes sénégalaises vers le nord et venait juste d'entrer dans les eaux mauritaniennes quand elle a sombré.

Des pays "eux-mêmes en crise"

La route de l'Atlantique est particulièrement dangereuse à cause de ses forts courants et parce que les migrants y voyagent sur des bateaux surchargés, parfois pas en état de naviguer, manquant généralement d'eau potable.

Mais elle est de plus en plus empruntée à cause du renforcement de la surveillance en Méditerranée par de jeunes gens en quête d'un meilleur avenir en Europe.

Or, "les pays que certains jeunes veulent aller rejoindre, je peux vous assurer qu'ils sont eux-mêmes en crise ou en début de crise", a assuré samedi Ousmane Sonko. "L'avenir du monde est en Afrique, et vous devez en être conscients, vous les jeunes. Le seul continent qui a encore une marge de progression et de croissance importante, c'est l'Afrique", a-t-il estimé.

Les candidats au départ, depuis les côtes sénégalaises, mauritaniennes ou gambiennes, fuient la pauvreté, le chômage ou l'absence de perspectives d'avenir. Ils embarquent clandestinement moyennant finances sur des pirogues ou des embarcations précaires, complètement inadaptées à de telles traversées. Il faut au moins 5 jours de navigation pour parcourir les 1 500 kilomètres jusqu'aux Canaries dans des conditions décrites comme terribles par les survivants, à la merci de la faim et la soif, du soleil, des éléments et des avaries.

Plus de 19 000 personnes arrivées aux Canaries

Le nombre de migrants ayant débarqué en 2023 aux Canaries a plus que doublé en un an pour atteindre le chiffre record de 39 910, selon le gouvernement espagnol. Et depuis le 1er janvier 2024, un peu plus de 19 000 personnes sont arrivées dans l'archipel, soit en augmentation de 167% par rapport à la même période l'année dernière.

Pour tenter d'enrayer ces départs, la Marine sénégalaise multiplie les interceptions de pirogues au large de ses côtes. Elle rapportait cette semaine sur X avoir récupéré une pirogue avec 74 candidats à l'émigration, dont 20 enfants. En juin, ses patrouilleurs ont intercepté plus de 470 personnes au cours de quatre opérations.

Rédaction de www.infomigrants.net

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