El Greco : "Les douze apôtres"

El Greco : "Les douze apôtres"

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 6, 7-13. 
"En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient."

Homélie

Jésus appelle les Douze qu'il a choisis comme disciples et les envoie pour la première fois en mission.

 Ces douze-là vont donc devoir franchir un nouveau pas : de disciples- ils suivent Jésus- il va leur falloir devenir « apôtres » c'est à dire envoyés, envoyés en première ligne !

 Et là, attention ! Si nous nous rappelons que, par notre baptême et notre confirmation nous sommes nous aussi disciples-missionnaires, comme nous le rappelle souvent le pape François, cette page d'évangile, qui n'a l'air de rien, nous éclaire beaucoup, puisqu'elle nous trace le portrait des envoyés que nous sommes en cinq pas.

 Premier pas : la grâce avant tout. Grâce, c'est à dire, c'est cadeau, c'est offert. Jésus choisit des apôtres parmi les pécheurs de Galilée.

  • Pierre, attachant, rempli de foi mais, capable de renier,
  • Jean, surnommé le « fils du tonnerre », d'un tempérament violent.
  • Judas, capable de trahir.
  • Matthieu que Jésus vient de choisir derrière son comptoir de publicain et qu'il arrache à la compagnie des collaborateurs de l’occupant romain.
  • Jude, du côté des Zélotes, les révolutionnaires de l’époque.
  • Et les autres dont on ne sait pratiquement rien...

 Oui, ceux que Jésus choisit, ce sont des gens ordinaires, tout ordinaires. Alors, ne nous étonnons pas si nous sommes tous appelés pour la mission. Dieu nous fait confiance, qui que nous soyons. Le premier pas consiste à accueillir cette confiance !

 Deuxième pas : « N'y va pas seul ! » Jésus envoie les apôtres deux par deux. L'annonce de la foi chrétienne n'est pas le fait d'un gourou fascinant. Les apôtres peuvent s'appuyer les uns sur les autres. Le plus beau de leur témoignage est :    « Voyez comme ils s'aiment ! » « Voyez comment ils se soutiennent. »

 Troisième pas : pour la mission du Christ, accepte le risque de ne pas être accueilli, écouté. L'apôtre que nous sommes n'est pas chargé d'impressionner par ses moyens, ses titres.

 J'aime cette phrase : « Il te faut prêcher l’Évangile à tout instant. Au besoin, sers-toi de mots. Ne parle du Christ que si l'on t'interroge, mais vis de telle façon qu'on t'interroge ». Ce n'est pas ce que nous disons qui fera croire en Dieu mais ce que nous vivons. Qu'est-ce que nous donnons à voir de ce que nous croyons ?

 Quatrième pas : Proclame la parole de Dieu. Comme le disait Amos dans la première lecture : « Le Seigneur m'a saisi quand j'étais derrière le troupeau et c'est lui qui m'a dit : Va, tu seras prophète pour mon peuple ». Le prophète est celui qui a dans sa bouche la Parole de Dieu. Et cette Parole peut changer la vie, la faire grandir, lui donner sens. Elle va à contre-courant de tout ce qui défigure le visage et la dignité de l’homme.

 Cinquième pas : pour la mission, efforce-toi de refaire les gestes de Jésus. Les gestes qui relèvent, qui redonnent confiance, qui apaisent. Je pense à toutes celles et à tous ceux qui sont au service des blessés de la vie. La foi n'est pas une habitude culturelle ou une accumulation de rites, elle est une bonne nouvelle qui change la vie. Laissons-nous habiter par cette présence aimante. Être apôtre, être disciples missionnaires n’est pas d'abord une tâche à accomplir, mais un don à partager. Comment garder pour soi cet amour de Dieu répandu dans nos cœurs, comment garder pour soi la Bonne Nouvelle de la Résurrection ? Laissons-nous brûler par l'urgence de l'amour et de l’annonce.

N’ayons pas peur d’aller aux périphéries. « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie sur les chemins plutôt qu’une Église malade de son enfermement » nous dit François. « Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».

A chacun de voir vers quelle périphérie il est envoyé.

 

Louis DURET

Prêtre du Diocèse de Chambéry

Lien à la Source

 

Retour à l'accueil