Faust et la recherche du bonheur

Faust et la recherche du bonheur

Et si l'essentiel d'une vie consistait à accueillir l'ébranlement, la secousse, le dérangement causé par l'"autre" ?
Sans l'étranger, le mythe socioculturel dans lequel j'évolue m'apparaîtrait monnaie courante et la seule monnaie. L'autre me révèle mon mythe et je lui révèle le sien. Le monde s'agrandit.
« Si tu penses comme moi, tu es mon frère. Si tu ne penses pas comme moi, tu es deux fois mon frère car tu m'ouvres un autre monde », ainsi parlait Hampaté Bâ.
L'invitation n'est pas de mélanger les différences dans une soupe immonde – "one way of life" –, ni d'abandonner nos visions et nos loyautés mais de les faire se frotter les unes aux autres comme silex pour qu'en jaillissent les étincelles qui éclairent la nuit du monde.
En hébreu, le mot « malade » ("mahala") signifie « tourner en rond ». Le malade est celui qui tourne en rond, qui s'est rendu prisonnier de lui-même, qui s'est mis en enfer-mement.
L'autre, cet intrus, c'est empêcheur de tourner en rond, opère une brèche dans les fortifications conscientes ou inconscientes que j'ai dressées autour de moi. Il me libère du piège qui s'était refermé sur moi.
Le dernier mot revient à Lévi-Strauss :
« L'unique tare qui puisse affliger un groupe humain et l'empêcher de réaliser pleinement sa nature, c'est d'être seul trop longtemps. »
Ainsi en est-il de chacun de nous.

Christiane Singer « N'oublie pas les chevaux écumants du passé »

 

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