Dernier A-Dieu à Bruno LERY, prêtre de la Mission de France, ce 4 décembre 2024
04 déc. 2024Funérailles de Bruno LERY (29 juin 1950 - 21 novembre 2024), prêtre de la Mission de France ce mercredi 4 décembre 2024 en l’église Notre Dame de la Résurrection Le Chesnay (Yvelines).
Nous étions un peu plus de 20 prêtres et diacres de la Mission de France à entourer Bruno lors de son dernier adieu ainsi qu’une centaine de personnes (famille et amis) dans l’église de la paroisse de sa famille.
Voici l’interview de Bruno réalisée par la Mission de la Mer de Vannes (Morbihan) en 2019, sa dernière mission avant qu’il ne rentre en EHPAD en 2020 alors que sa santé commençait très sérieusement à décliner. Jusqu’au bout il aura gardé son accueil fraternel et son superbe sourire.
« Aumônier des gens de mer depuis janvier 2019 pour le Morbihan : la mission du père Bruno Lery sent l’appel du large, comme une grand-voile gonflée par le vent. « Pourtant, spécifie le prêtre avec un sourire qui plisse son visage, je n’ai jamais navigué. Ma mission est à quai, pour les marins de pêche, de commerce, les équipages internationaux et les familles de marins du Morbihan ».
Même à terre, Bruno Lery a bourlingué à sa façon. Il naît dans une famille chrétienne, entre à 10 ans au petit-séminaire et enchaîne son premier cycle au grand séminaire d’Issy-les-Moulineaux avant de faire une coupure. Il effectue alors des études d’économie puis part en Allemagne pour son service militaire. À son retour, il travaille pendant cinq ans au ministère de
l’agriculture. « Je n’avais pas abandonné l’idée d’être prêtre, mais j’avais
besoin de prendre de la distance, de connaître les rouages du monde du travail, de mieux appréhender le monde », raconte-t-il. Le jeune homme retourne ensuite au séminaire pour poursuivre sa formation, à la Mission de France cette fois. « Je ne me sentais pas fait pour devenir religieux ou prêtre en paroisse. Être prêtre de la Mission de France est, pour moi, une façon de partager la vie commune des gens. »
Une fois ordonné, en 1983, le père Lery multiplie les engagements.
Il est manutentionnaire à Rungis tout en habitant avec des prêtres ouvriers, puis chargé des jeunes de la Mission de France ; il reprend ensuite des études théologiques et bibliques, arrive à nouveau à Genevilliers où il travaille dans l’accueil et la formation professionnelle pendant neuf ans.
Sa mission maritime commence à Noël 99, au port du Havre ; il accueille les marins en même temps qu’il accompagne des salariés au chômage et les aide à retrouver un emploi. En 2012, direction Port-de-Bouc dans les Bouches du Rhône : « Je travaillais au foyer des marins, je rencontrais les marins de commerce, sur leur navire à l’escale ».
Rencontre et écoute
Aujourd’hui, la nouvelle fonction de Bruno Lery se déploie à travers deux associations maritimes : la Mission de la mer, mouvement chrétien, et Les Hommes et la mer (*), dans les locaux de laquelle il tient une permanence le mercredi matin à Lorient. « C’est une association typiquement bretonne : non confessionnelle mais avec un aumônier ! », glisse-t-il, facétieux.
Rien de ce qui concerne les marins n’est étranger à ce prêtre qui définit sa mission simplement : « Je vais à la rencontre des marins, de leurs femmes et de leurs enfants, et j’écoute ce qui est important pour eux. Je suis présent lors des évènements forts : fêtes de la mer, bénédictions de bateau, mais aussi accidents, drames. » Il parle des marins comme on parle de sa famille : leur vie coupée du reste du monde, les mois passés en mer en vase clos, les équipages mêlant souvent quatre nationalités ou plus, le retour à la maison et la difficulté à reprendre sa place de conjoint, de père. Il raconte ce qui constitue la religion du marin : l’amour du prochain, la communion, l’attention aux occasions créées par la vie maritime, cette disposition du coeur qui lui permet quelquefois, à lui le prêtre, de prier avec des non chrétiens.
« J’écoute ce qu’ils croient et j’essaie de les aider à découvrir ce qui les fait vivre. Je vois l’action de Dieu en eux, le don qu’Il fait de lui-même lors des moments difficiles », précise le père qui célèbre la messe uni aux marins, et de temps à autre avec quelques-uns d’entre eux. « Découvrir leur vie, dire parfois aussi ce qui me fait vivre est ma façon de naviguer avec eux.»
Solange Gouraud