Chers frères, sœurs et amis,  

Il est des moments, comme la fête du Peuple de Dieu à Evreux ce 29 janvier 2006 où plus de 2500 personnes ont accompagné le départ de notre évêque, le Père Jacques David, qui sont d’une force, d’une richesse et d’une intensité extraordinaires. Et en y réfléchissant je trouve que ce côté extraordinaire n’est pas tant dans « l’originalité » de ce que nous avons vécu que dans l’intensité affective et spirituelle de ce moment.

           Les exposés du matin n’avaient rien de très original ou génial, …et pourtant !!! La messe ressemblait à beaucoup d’autres messes … et pourtant ! Le repas du midi très bien organisé mais tout à fait banal… et pourtant ! Le spectacle de l’après-midi était certes vivant, coloré et tonique mais finalement bien familier … et pourtant ! 

 

 

 

 

 

          Et même ce rassemblement lui-même : sa composition très classique : les invitations limitées aux catholiques des paroisses et des mouvements… 

Le  projet initial de rassemblement diocésain prévu à l’Ascension 2005  était beaucoup plus audacieux : un véritable « pèlerinage » à travers tout le département. Notre frère et père « Jacques » ne souhaitait pas faire un rassemblement où il soit mis en vedette et qui soit tourné vers le passé. Il souhaitait que cet évènement soit l’occasion d’une expression forte de l’Evangile et de la foi des chrétiens vécus par l’Eglise qui est à Evreux en partenariat avec toutes sortes d’associations, de groupes ou même d’hommes et de femmes « de bonne volonté ». Notre évêque souhaitait un rassemblement où l’Eglise diocésaine montre sa vraie nature : humble, servante et bien vivante au milieu d’une société civile, associative, laïque, culturelle, inter religieuse dans laquelle elle se situe en toute humilité et sans complexe. 

Le choix de l’un de ses conseils a été autre… En dehors de la présence de nos frères Anglicans, il manquait la plupart de nos partenaires à la fête.. mais ce n’est évidemment pas à Jacques David qu’il convient d’en faire le reproche. Il aura cherché jusqu’au bout à « élargir l’espace de notre tente » ! 

Alors que je venais à Evreux sans aucune arrière pensée ce 29 janvier, mais frustré quelque part que cette grande fête soit limitée aux paroissiens et aux « catholiques convaincus » j’ai été fortement bouleversé par ce qui s’y est passé. 

Nous avons rencontré un homme, un frère et un père dans la foi… Cette journée a  été une véritable icône des 10 ans de ministère du Père David au service des hommes, des femmes de ce département, au service de la foi et de l’Evangile. 

Chaque fois qu’il a pris la parole Jacques nous a renvoyé au Christ, le seul Pasteur, le seul Saint, le seul Prêtre.. 

J’ai été ému de voir combien Jacques David s’est engagé dans les orientations du Synode Diocésain. Il n’a pas revendiqué d’orientation pastorale particulière. Il a toujours affirmé que c’étaient les orientations du Synode qui s’imposaient à lui comme à toute l’Eglise diocésaine. Il s’est toujours « présenté » avec une réelle humilité 

C’était particulièrement saisissant durant les exposés de la matinée. Tous ont souligné combien l’évêque s’employait à ouvrir l’Eglise diocésaine aux questions des hommes de notre temps, combien il s’était mis au service de la communion et de la mission de l’Eglise. 

J’ai été très touché durant la messe par un geste impressionnant : l’évêque qui dit seul le « Je confesse à Dieu » dans un silence ahurissant, des larmes plein les yeux : Il demande pardon à Dieu et à ses frères ! Quel incroyable moment ! 

J’ai été retourné à la fin de la messe lorsque Jacques a reçu des mains des femmes Africaines, les « enfants de Marie de Nètreville » une statue : « la vierge et l’enfant », lorsque les mains se sont mêlées pour tenir ensemble la statue dressée vers le ciel et que la foule a chanté le « Je vous salue Marie ». Là encore les larmes coulaient des yeux de l’évêque : l’enfant qu’il est encore s’est totalement dévoilé à nous en cet instant … 

J’ai aimé le repas à la Halle des Expositions même si ce lieu était plutôt froid et austère pour accueillir autant de convives un jour de grande fête. Ce que j’y ai vu, même si le vin (à en croire ceux qui y ont goûté) n’était pas du meilleur cru, c’est que tout s’est passé avec un bel ordonnancement et une grande bonne humeur. Les évêques, le nonce apostolique comme les enfants, les jeunes, les adultes, les personnes âgées,  les handicapés : tous ont partagé le même plateau repas. Nous n’étions pas tout à fait cinq mille hommes, mais il se passait quelque chose de l’Evangile de la messe du matin. Ce repas ressemblait à tous ceux que j’ai pris à l’évêché avec notre « frère » Jacques : simple, chaleureux et bon…. Chapeau à l’équipe d’organisation ! 

La fête de l’après midi aurait pu être aussi bien sûr gentille mais passablement « insignifiante » ! C’est tout le contraire qui s’est produit. Bien sûr il y a eu des loupés, des « à peu prés », des erreurs même. Ce que j’en retiens en plus de l’humour (qui rime avec amour, humus, humilité et humanité) c’est qu’au fur et à mesure du temps notre « frère » Jacques est devenu « acteur » de ce grand moment non pour faire étalage de ses réussites, de ses échecs ou de son bilan,… mais pour que nous entrions peu à peu avec lui dans ce qu’est son ministère de communion et de service. 

Dans un moment de grand bonheur, dans la joie et la bonne humeur, nous avons parcouru avec lui  ce chemin du « serviteur » ! 

De ce point de vue j’ai trouvé quelque chose de très « catéchétique », je dirai même de « liturgique » dans ce que nous avons partagé dimanche après midi. 

Je résumerai en trois points : 

Merci Jacques, 

Merci les organisateurs, 

Dieu Merci…  

 

Denis Chautard 

Vernon, 30 janvier 2006

 

 

 

 

 

 

 

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