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Nous sommes souvent distraits (pour nous protéger) ou bien accablés devant l’avalanche des mauvaises nouvelles aux informations radio-télévisées : guerres,
accidents, violences, catastrophes…
Nous sommes à chaque fois affectés lorsque nous apprenons la maladie, le décès de l’un de nos proches ou d’une personne de notre entourage..
Nous sommes marqués, comme nos contemporains par la peur de l’avenir, la misère, le chômage ou la déprime ambiante..
Devant ce tableau sombre (qui n’est bien heureusement qu’une partie de la réalité !) nous sommes conduits à nous évader (le jeu, le rêve, ..) ou à nous
« éclater » (la fête…)
La tentation est grande de nous « protéger », de nous « recroqueviller » : vivre dans l’instant, ne plus faire de projet,
abandonner nos idéaux pour nous réfugier dans le confort ou la sécurité immédiats…
Cette année Pâques vient nous réveiller !
Le premier jour des fêtes Pascales : jeudi Saint correspond en 2008 au premier jour du printemps et c’est tout un symbole !
C’est le jour où Jésus engage sa « Pâque », son « passage » et à la suite il subira son arrestation, son procès, sa condamnation à mort et
le supplice de la croix… jusqu’au matin du troisième jour où il entrera dans sa « résurrection » !
Les Evangiles et la liturgie nous donnent d’approcher « l’invisible » : sous la carapace de l’hiver, sous les oripeaux de la mort, la vie est en train
de percer et de naître :
Abandonné des siens, victime de la honte et des sarcasmes, alors qu’il s’engage « dans sa descente aux enfers » dans une grande humilité et un dénuement
complet, Jésus révèle qu’il est « habité » : l’Esprit de Dieu, Souffle de Vie repose sur lui !
Face à la méchanceté et à la jalousie des hommes, face aux forces du mal, il est en apparence impuissant. Mais en réalité, tout ce qu’ont annoncé les prophètes et
les écrits anciens est en train de « s’accomplir » :
Du fond de l’abîme, du creux de l’enfer, un tourbillon de vie, un torrent d’eau vive sont en train de surgir : « Voici
l’Homme » !
La vie n’est pas prisonnière de la dégradation et des guenilles de la mort : Jésus est le « premier-né » d’une multitude.
Il ne sera jamais enfermé dans la mort et au tombeau. Aux femmes qui venaient embaumer son corps avec des aromates et du parfum, l’ange dira : « ne
cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant ». « Il n’est pas ici, il vous précède en Galilée ».
Pâques est notre deuxième naissance, notre naissance définitive : une autre réalité, une vie nouvelle nous atteignent.
A qui veut bien l’accueillir la VIE est donnée en abondance : non pas le pouvoir sur les gens ou sur les éléments, NON, mais un message susurré à nos oreilles
et à notre cœur : " rien de ce qui est donné n’est perdu, rien de ce que nous donnons de nous-mêmes ne peut disparaître".
« Vivre, c’est apprendre à aimer » disait l'Abbé Pierre
« Notre résurrection n’est pas tout entière dans le futur, elle est aussi en nous, elle commence, elle a déjà commencé » écrivait Paul Claudel (extrait de
sa correspondance avec André Gide).
Joyeuses Fêtes de Pâques !
Denis Chautard
(1) Vitrail « Résurrection » de Gérard Hermet et Mireille Juteau des Ateliers
Lorin de Chartres 1994
Collégiale de Vernon, Eure, Transept Gauche, Chapelle des Baptêmes