Vendée
Au coeur d’une nuit ordinaire, sans doute plus bruyante qu’à l’accoutumée, sur ce littoral vendéen où la mer et le vent sont le quotidien des habitants, les éléments se sont conjugués révélant la fragilité des hommes, de leurs vies et de leurs entreprises.

En cette fin de semaine, des familles vivaient en paix et aucun vent même violent ne pouvait troubler ceux qui ont connu bien des bourrasques et des marées. Et puis, au coeur de la nuit, l’inattendu est survenu, engloutissant les vies, séparant les familles, terrassant les plus faibles.

Au coeur de cette nuit d’angoisse, de silence et de froid, dans la profondeur des ténèbres, dans le déferlement d’une force inconnue et aveugle, la mer a pénétré brutalement dans ces maisons que l’on avait bâties pour la paix, fracassant les lieux d’intimité conçus pour la vie en y faisant entrer la mort.….

Quelques jours après ce drame, nous pensons en tout premier lieu aux victimes en priant le Dieu des miséricordes de les accueillir dans sa demeure de lumière et de paix. Nous prions aussi pour les familles éprouvées dans leur coeur et dans leur chair. Si la mort de celui que l’on aime paraît toujours injuste, nous savons que la brutalité d’une catastrophe ajoute au bouleversement. La perte du conjoint, de l’enfant, du père, de la mère ou de l’ami désoriente, comme si le sol se dérobait. …

Comment ne pas ressentir également de la compassion envers ceux et celles qui ont tout perdu. Leur maison, leur outil de travail, les souvenirs d’une vie, l’espoir d’une retraite méritée et heureuse.

Comment ne pas mentionner également ces villes meurtries, ces rivages dévastés, ces paysages façonnés pas le travail de plusieurs générations anéantis en peu de temps.

Comment pourrions-nous exprimer notre profonde reconnaissance à tous ceux et celles qui se sont dressés, faisant face avec courage et refusant la fatalité du drame. Permettez-moi de saluer les élus, les pouvoirs publics, la gendarmerie, les pompiers, les sauveteurs et les associations qui ont montré et qui montrent un solide sens de l’organisation, de l’abnégation mais aussi une capacité à accueillir et à accompagner les personnes dans ces circonstances tragiques. …

La communauté chrétienne ne vit pas à l’écart des autres hommes. Comme eux, dans le malheur, dans l’épreuve, atteinte par cette souffrance qui mine le fond de l’être, elle interroge son créateur, comme au jour du Vendredi Saint : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » « Où est-il ce Dieu qui permet l’inacceptable ? »

… Le Dieu des Chrétiens n’est pas un Dieu froid et lointain dont l’absence ou l’irritation permettrait les détresses. Il demeure à nos côtés, victime lui-même du mal jusqu’à subir l’injustice et le supplice de la croix
Frères et soeurs, chères familles éprouvées par le deuil et la séparation, après les bouleversements légitimes, un horizon nouveau s’ouvre à nous, laissant entrevoir la certitude d’une rencontre nouvelle par delà le seuil éprouvant de la mort. Telle est la foi des chrétiens, telle est l’espérance qu’ils proclament. Cette espérance est la force et la grandeur des saints.

Monseigneur Alain CASTET
Evêque de Luçon Jeudi 4 mars 2010
A l’occasion de la messe à la mémoire des victimes  de la catastrophe de Vendée

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