A Marseille, des jeunes font l’apprentissage du vivre-ensemble
09 juin 2013
Pendant trois jours, une cinquantaine de jeunes, issus du pourtour méditerranéen, ont débattu sur le vivre-ensemble et l’avenir de la Méditerranée.
Lorsque Khalil a su qu’il partageait sa chambre avec Amir, il s’est demandé si ce jeune Israélien de 27 ans aurait « peur de lui ». Une discussion franche sur le conflit israélo-palestinien plus tard, ce Gazaoui de 30 ans a été aussi étonné que rassuré : « Amir est contre la politique menée par son gouvernement. Des juifs ont envie de trouver la paix. Nos échanges montrent qu’une amitié est possible. »
Une belle « découverte » pour ce chrétien orthodoxe qui a, lui aussi, surpris Amir : « Un Palestinien aurait toutes les raisons de me détester. Or Khalil m’a accueilli gentiment et s’est montré disponible pour évoquer sa vie quotidienne. Même si cela peut sembler une goutte d’eau, cela donne de l’espoir », réalise cet étudiant israélien en théâtre de 27 ans, venu de Tel-Aviv.
Une semaine d’échanges initiée par le diocèse de Marseille, sur le modèle du Parvis des gentils
Comme eux, une cinquantaine de jeunes du pourtour méditerranéen ont participé samedi aux Rencontres mosaïques, qui ont clos le Parvis du cœur. Cette semaine d’échanges initiée par le diocèse de Marseille, sur le modèle du Parvis des gentils, avait pour thème « Humanisme et religions ». Elle s’est achevée sur le thème « Vivre ensemble, cela s’apprend ».
Un tel mouvement « se construit », affirme le P. Jean Marc Aveline, directeur de l’Institut catholique de la Méditerranée. « Respecter l’autre, apprendre ce qu’il a à me dire, s’apercevoir que son identité se construit dans cette acceptation est un long chemin. La meilleure école est celle de l’amitié. »
Un étudiant tunisien de 23, venu montrer que « les Tunisiens ne sont pas des terroristes
À l’issue des Rencontres mosaïques, chacun est reparti avec un carnet bourré d’e-mails et de numéros de téléphone. « Lorsque j’entendrai parler d’un événement, je contacterai les membres du groupe », sourit ce Tunisien de 23 ans, venu montrer que « les Tunisiens ne sont pas des terroristes ». « Pendant trois jours, j’ai cherché les points communs entre nous tous ici. J’ai découvert que la culture rom était plus proche de la culture arabe que je ne l’envisageais », explique cet étudiant en environnement.
« Dans une Méditerranée au dialogue interculturel et interreligieux en panne, il faut soutenir les relations interpersonnelles, qui sont à même de récréer le goût de l’altérité, de l’apprentissage », insiste Katerina Stenou, directrice de la Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel à l’Unesco. Comment encourager ce goût de l’autre ? « Un professeur de mathématiques peut glisser que les chiffres, l’algèbre, la chimie sont des mots arabes et donner un respect envers cette civilisation », dit-elle.
« La formation professionnelle et la mobilité géographique sont essentielles pour donner le goût de toutes les cultures », souligne Michèle Gendreau Massaloux, responsable de pôles (formation, enseignement supérieur et recherche) à la délégation interministérielle à la Méditerranée. Celle-ci travaille à un projet d’office méditerranéen de la jeunesse.
Corinne Boyer, à Marseille