« AU NOM DU PIERRE », Rencontre avec Pierre Gaudin, prêtre à Bernay (Diocèse d’Evreux)
02 déc. 2012VOCATION. Installé depuis six ans à Bernay, Pierre Gaudin, prêtre de la paroisse de la Charentonne poursuit sa mission auprès de tous. Rencontre.
Pierre Gaudin est animé d'une foi qu'il cherche à communiquer dans un esprit de fraternité
« Père Gaudin ?» Ne l’appelez surtout pas ainsi... ! Le prêtre auxiliaire de la paroisse de la Charentonne fuit la confusion des genres. « Le Père, c’est Dieu. Il est au ciel, moi... pas encore ! », répond l’abbé Gaudin en toute humilité. A 77 ans, il a en effet encore du temps devant lui et puis sa mission n’est pas finie. L’abbé Gaudin n’aime pas les distinctions et ne veut pas du titre de père, « en vertu des versets de l’évangile selon Saint Matthieu », ajoute-t- il. C’est sous le nom de Pierre qu’il désire que le monde qui l’entoure le reconnaisse. Il est donc l’abbé Pierre local. « Moi-même, j’appelle l’évêque par son prénom et si je devais rencontrer le pape, ce serait Benoît, tout naturellement », confesse l’homme de religion, pétri d’une foi simple et joyeuse.
Dès qu’il franchit la rue, il semble prendre plaisir à créer des liens avec tous, dans un esprit de fraternité exubérante. « Fais attention à ne pas trop secouer la poupée que tu portes sous ton bras car tu risques de la réveiller », lance-t-il à l’adresse d’une petite fille qu’il croise sur son chemin. C’est ainsi que le dialogue s’engage avec tous. A ceux qui veulent en savoir plus sur lui, il répond de manière énigmatique : « Je me rends souvent dans une maison au toit pointu avec un animal au dessus », laissant ainsi planer l’idée qu’il appartient à quelque monde enchanteur. Ce monde, c’est l’Eglise. « Avec un grand E », s’empresse- t-il de préciser. Lors des cérémonies religieuses, dans ses églises, il invite tout lé monde à se donner la main pour symboliser la fraternité qu’il aimerait voir se développer davantage.
Après cinquante ans de sacerdoce, il poursuit sa mission et est appelé à officier au sein des trente églises de sa paroisse. Ses messes - tout comme les sacrements aux malades - il les donne aussi auprès de ceux qui ne peuvent pas venir à lui. Notamment dans trois maisons de retraite des environs. Il y a aussi les mariages et les baptêmes qui ont lieu à tous les âges. « Il m’est arrivé de baptiser une femme de 65 ans », glisse le serviteur de Dieu et de sa foi. Et la confession ? « Bien sûr, elle se pratique toujours mais plus au confessionnal. Je confesse soit à l’église soit à la maison paroissiale autour d’une table. » A l’issue de celle-ci, l’abbé Pierre peut aussi être amené exceptionnellement à procéder pour des raisons pratiques à l’absolution collective. « Personnellement, il m’arrive de me confesser auprès d’autres prêtres car je peux aussi en avoir besoin », avoue celui qui reste un homme faillible parmi d’autres. ! Car, c’est vrai, dans l’engagement solennel qui est le mien ce n’est pas toujours facile. Je peux me laisser aller à l’égoïsme. Tout aussi bien, d’autres tentations peuvent-elles toujours se présenter. Ainsi des femmes m’ont parfois sollicité et j’ai donc dû résister avec fermeté. » C’est pour Pierre, qui a choisi le célibat, le prix à payer pour être davantage libre et disponible aux autres. Il ne le regrette pas car il est entouré aujourd’hui d’une très grande famille. Celle constituée de ses fidèles paroissiens.
PHILIPPE SCHAEFFER
Paris Normandie vendredi 30 novembre 2012