mariage 

Happy ever after : c'est ainsi que se terminent les contes de fée de notre enfance. L'expérience concrète de nombreux couples est moins idyllique... au point que, de nos jours, environ la moitié  se résout au divorce. Il est devenu courant que certaines souhaitent essayer de construire une nouvelle relation. Comment l'Eglise peut-elle proposer un chemin aux divorcés-remariés, qui manifeste la bienveillance et la miséricorde de Dieu, sans renoncer à annoncer un amour fidèle et durable ?   

Cette question a donné lieu à un débat lors des Etats Généraux du Christianisme, qui a permis au P. Gérard BERLIET (Pdt de l'association "Miséricorde et Vérité") et à Xavier LACROIX (théologien), de lancer quelques pistes. Compte-rendu de cet échange. 

 

Une question complexe et douloureuse

Si le mariage est indissoluble, alors le remariage est une infidélité envers le premier conjoint. Or l'indissolubilité comme la fidélité sont affirmées dans la Bible, avec la plus grande autorité : cinq fois dans le Nouveau Testament, avec des indications très fortes (aux Corinthiens, Paul dit clairement "ce n'est pas moi qui le dit, mais le Seigneur"). L'Eglise, qui considère avec sérieux la parole du Christ, ne peut faire la sourde oreille. 

Mais ce n'est pas qu'une position théorique de l'Eglise : les époux ressentent bien qu'ils ne peuvent simplement rayer de leur histoire ce qui a été. C'est une réalité humaine et non pas seulement spirituelle : il y a eu une promesse, de s'aimer toujours ; il y a eu les années passées ensembles, les moments partagés ; il y a eu l'intimité du couple, la connaissance des joies et peines de l'autre, de ses qualités et  faiblesses, l'intimité sexuelle aussi. Comme l'exprime Xavier LACROIX "faire alliance, c'est consentir à l'irréversible" ; le P. BERLIET confirme par expérience qu'il est nocif, pour les personnes-mêmes, d'ignorer cette réalité du premier mariage, qui préexiste à une nouvelle union.  

La "discipline" de l'Eglise est également mal comprise ; sa demande aux personnes concernées de se priver de la fréquentation des sacrements est souvent interprétée comme une excommunication, ce qu'elle n'est pas. Au contraire, Jean-Paul II insiste pour qu'« ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent comme baptisés participer à sa vie ».

Pour le P. BERLIET, cette discipline ne doit pas être vue comme cruelle : ce n'est pas un renoncement au Christ que l'Eglise demande, mais à une modalité d'accès au Christ ; de même, l'absence d'absolution n'entraîne pas l'absence de pardon de Dieu. Le P. BERLIET note que les peuples européens ont, sans doute du fait d'un rapport faussé à la loi, plus de mal à consentir à ce positionnement devant Dieu, à dire « je ne suis pas à la juste place ».

 

Un chemin de retour en communion ?

Pour Xavier LACROIX, le refus du sacrement de réconciliation est plus problématique que le renoncement à l'eucharistie ; encore plus problématique est le fait que cette peine est aujourd'hui définitive. Problématique, encore, le fait que le critère discriminant pour déterminer si la personne peut communier ou non tient à l'existence de relations sexuelles avec un tiers. Il s'agit donc, pour le théologien, de proposer à l'Eglise des pistes pour un retour à la communion des personnes divorcées-remariées.

Plutôt que d'ouvrir la possibilité d'un second mariage à l'Eglise, qui serait pour le théologien une négation du sens même du mariage chrétien, il s'agit de proposer une démarche de réconciliation et de pénitence en vue d'une réintégration. Xavier LACROIX a ainsi travaillé sur une proposition, qu'il a débattue avec les évêques, de parcours en six étapes :

1.                  Reconnaissance de la transgression d’un commandement du Seigneur

2.                  Reconnaissance de la transgression de l’unicité du sacrement

3.                  Reconnaissance et réparation des torts causés au premier conjoint et aux enfants de son premier mariage 

4.                  Parole de réconciliation et de pardon envers le premier conjoint

5.                  Reconnaissance de la permanence mystérieuse du premier mariage (et distinction entre le ministère reçu du premier lien et les missions reçues du second lien)

6.                  Ferme propos de vivre fidèlement au second conjoint 

A n'en pas douter, cette question de l'accueil des divorcés-remariés est essentielle pour la capacité de l'Eglise d'annoncer l'évangile aux hommes de notre temps. Dès aujourd'hui, toutefois, des propositions existent pour les personnes divorcées-remariées qui en expriment le souhait ; des initiatives permettent de manifester concrètement le soin et la bienveillance de l'Eglise pour ces personnes.  Le P. BERLIET évoquait le geste fort de cet évêque leur lavant les pieds... 

 

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