Réfugiés au Liban

En juillet dernier, le secrétaire général du Secours Catholique, Bernard Thibaud, était au Liban pour prendre la mesure de la crise que traverse le pays et réaffirmer son soutien à la Caritas locale.

Les réfugiés syriens continuent d’affluer au Liban. Quelles sont leurs conditions de vie sur place ?

Elles restent extrêmement précaires. Dans les camps, le problème n’est plus la boue et le froid comme cet hiver, mais la chaleur et l’approvisionnement en eau. J’ai aussi été frappé par une forme d’exploitation des réfugiés par certains propriétaires de terrain ou de logement. Par exemple, dans un immeuble en construction, sans eau, sans électricité, les Syriens louent 30 m² pour 250 dollars par mois. Or les réfugiés n’arrivent à travailler qu’une quinzaine de jours par mois, à dix dollars la journée…

Quelle est la réponse du Secours Catholique à cette crise humanitaire ?

Depuis le début de la crise syrienne, nous avons engagé 2,2 millions d’euros, dont 1,1 million pour le Liban, 800 000 euros pour la Syrie, le reste étant réparti entre la Turquie et la Jordanie. Nous soutenons au maximum la Caritas Liban, à travers divers programmes d’aide alimentaire et médicale, ou encore d’aide aux loyers. Récemment, nous avons aussi mis en place un système d’éclairage dans les camps, pour que les gens ne se retrouvent pas dans le noir complet le soir venu. Par ailleurs, nous sommes vigilants à ce que dans les programmes pour les réfugiés une part du budget serve à soutenir les communautés d’accueil qui sont également affectées par cet afflux.

L’État libanais se refuse pour l’instant à fermer les frontières. Est-il en capacité de gérer cette crise ?

Ce qui m’a frappé, c’est la panne institutionnelle au niveau de l’Etat, qui n’a aujourd’hui ni gouvernement ni Parlement opérant. Or plus d’un million de Syriens ont trouvé refuge dans ce pays de 4 millions d’habitants, qui s’en trouve fortement déstabilisé. Les Syriens sont embauchés à 10 dollars par jour, ce qui crée du chômage. Les conséquences sont d’autant plus graves que la protection sociale au Liban est extrêmement limitée. Toute personne au chômage se retrouve sans aucune ressource.

À cela s’ajoute un rapport aux Syriens qui n’est pas simple. Cette situation réveille les divisions communautaires du Liban. Il y a un mois, le Hezbollah a pris position pour le régime syrien. Et récemment un cheikh salafiste s’est rendu en Syrie pour encourager les jeunes à s’engager auprès des rebelles. Dans les zones frontalières, il y a aussi des comités de défense et des milices qui se remettent en place et peuvent recruter des réfugiés syriens qui ne travaillent pas et ont besoin d’argent. Le pays est au bord de l’embrasement. À coté de ça, on sent bien que personne ne veut s’engager dans une nouvelle guerre civile. Il y a une forte capacité de résistance à l’embrasement.

Propos recueillis par Marina Bellot

 

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