DANA-COVACI 19fevrier13

© Dana Covaci, à Ris-Orangis, le 19 février 2013.

Ni victime, ni objet. Pour une fois, l’objectif est inversé. Des Roms photographient leur quotidien en France en région parisienne. Ce sont eux qui cadrent, qui posent, qui éclairent, qui décident de sourire ou pas, qui déclenchent.

Dans leurs caravanes ou sur les trottoirs, ils passent trop fréquemment de l’ombre à la lumière, du silence au fracas médiatique, sans pouvoir maîtriser leur image.

Comme souvent les pauvres parmi les pauvres, ils sont généralement filmés dans leur misère, à leur insu, expulsés, sous toutes les coutures, photos volées, visages floutés, comme d’étranges étrangers.

ABEL-COVACI 04mars2013 

© Abel Covaci, à Ris-Orangis, le 4 mars 2013.

Cette fois-ci, leurs yeux apparaissent. Bleus, marron, noirs, gris-vert. Et leur regard aussi. Documentaristes et sujets en un seul geste. La place Ris Orangis, proposé par les éditions illimitées, est un livre de photographies rassemblant des portraits en forme d’état des lieux (cliquer sur ce lien pour se le procurer, sachant que les droits d'auteur sont reversés aux familles ayant participé au projet). Les résidents de l’ex-campement de la N7 de Ris-Orangis en Essonne se présentent tel qu’en eux-mêmes. Ou tel qu’ils veulent se donner à voir. Certains prennent les photos, d’autres posent. Et inversement.

Ils nous guident à travers leur terrain, nous invitent à l’intérieur de leurs cabanons. Ils préparent le dîner, montrent leurs peluches et leurs décorations. Les poêles fument, les postes de télévision sont éteints, les piécettes étalées sur une table, des vêtements suspendus. Ils exposent leur environnement, feuillages, bouquets, détritus. Aucun voyeurisme dans ce tour. Personne ne fait irruption chez eux. Ils ne cherchent ni à plaire, ni à déplaire.

MURECHEANKA-COVACI 28fevrier2013 

© Murecheanka Covaci, à Ris-Orangis, le 28 février 2013.

Ils nous montrent mais aussi nous regardent, et ce faisant, loin des clichés, interrogent les représentations que nous avons d’eux.

Les appareils photo ne sont pas tombés du ciel. Ils leur ont été prêtés dans le cadre d’un projet au long cours baptisé PEROU pour Pôle d’exploration des ressources urbainesqui s’est étiré du 22 décembre 2012 au 3 avril 2013, date de l’évacuation des habitants et de la destruction de leurs maisons.

Catherine Fouteau 

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