fraternité   

Du 9 au 11 mai, 12 000 personnes engagées dans la lutte contre l'exclusion et la pauvreté se sont rassemblées à Lourdes, dans le cadre du projet Diaconia, lancé par l'Eglise catholique en France.

Diaconia 2013 s’est clôt le samedi 11 mai par une grande célébration d'envoi, dans la basilique souterraine Saint Pie X, au cours de laquelle les délégations venues de toute la France ont reçu une mission : témoigner sur le terrain de ce qui a été vécu pendant trois jours et interpeler les paroisses sur les moyens mis en œuvre pour accueillir ceux qui s'en trouvent exclus. Avec un mot d'ordre : « La fraternité n'est pas une option, elle est une nécessité. »

Rédigé sur la base des échanges qu’ont eu les 12 000 personnes présentes, « de toutes origines et de toutes conditions, représentant des centaines de milliers de chrétiens engagés au service de leurs frères », le message final souligne que « chacun a été entendu dans sa singularité ». « Ceux qui souffrent, malades, handicapés, personnes seules ou abandonnées, sans domicile ou mal logées, chômeurs ou précaires, divorcés, remariés ou non, salariés en souffrance ou menacés dans leur emploi, jeunes sans perspectives d’avenir, retraités à très faibles ressources, locataires menacés d’expulsion, tous ont pris la parole. »

Que restera-t-il de ce rassemblement marqué par la simplicité des échanges et la variété des moyens d'expression utilisés ? « L'envie d'aller plus loin, de poursuivre la réflexion dans les paroisses afin de rendre nos communautés plus fraternelles », affirment Bruno et Nathalie, d'Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne. « De retour chez nous, nous ferons en sorte que tous puissent prendre la parole comme nous l'avons fait ici, à Lourdes. Ce ne sont pas d'abord des actions sociales qu'il nous faudra mener, mais des actions pédagogiques, pour vivre un changement radical dans notre manière de faire Eglise. Il va nous falloir vivre une conversion, changer nos regards pour faire en sorte que ceux qui piétinent à la porte de nos églises puissent y entrer et s'y sentir accueillis. »

Cet appel à changer de regard sur les plus fragiles, et à modifier les comportements au sein des communautés chrétiennes pour que les pauvres y tiennent toute leur place, fait partie des quatre défis mis en avant dans le message final. « Abandonnons un regard qui juge et humilie pour un regard qui libère. Nous n'avons pas de prochain clé en main, la proximité se construit chaque jour », écrivent les signataires de cette déclaration intitulée : « Servons la fraternité ». Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, président du Conseil de la solidarité de la Conférence des évêques, a lui-même invité les chrétiens à ne pas laisser les habitudes passées reprendre le dessus : « Il faudrait qu’il n’y ait plus de sans-voix dans l’Église. Tous, même les plus pauvres, devraient pouvoir s’exprimer par eux-mêmes. »

Autre défi qu'entendent relever les délégués Diaconia : encourager le changement des politiques publiques, du local à l’international. « Que les décisions prises visent à prendre en compte la situation des plus fragiles dans le respect, la justice et la dignité. », préconise le message final. Dernier chantier enfin : « Oser le changement dans nos modes de vie, pour respecter la Création où les liens humains sont premiers, et préserver l'avenir des générations futures ». « Chaque fois qu'on ne respecte pas l'environnement, ce sont les plus pauvres qui trinquent », commente François Soulage, pour qui la question sociale et écologique restent indissociables. « L'exploitation effrénée des richesses se fait toujours sur le dos des populations locales. Qu'il s'agisse de la pollution des rivières et des nappes phréatiques, des gaz à effet de serre, de la pénurie des moyens d'énergie, des zones à risque en cas de catastrophes naturelles, ce sont les petites gens qui sont les plus touchés et qui n'ont pas les moyens de se défendre. »

Pour éviter que le soufflé Diaconia ne retombe, le président du Secours catholique suggère que chaque diocèse mette en place un conseil de la diaconie, qui serait distinct de celui de la solidarité et qui jouerait un rôle de veille et d'aiguillon quant à la manière dont les paroisses, les mouvements et les services présents dans chaque secteur font place aux plus fragiles. Chaque paroisse nommerait un "veilleur de la diaconie" qui serait chargé de faire en sorte que les portes de l'église restent toujours ouvertes. « De la catéchèse à la liturgie, en passant par la formation et la pastorale des jeunes, nous sommes tous concernés », affirme François Soulage pour qui « la lutte contre l'exclusion ne peut se limiter à quelques bonnes actions, aussi efficaces soient-elles. Il faut aussi changer nos manières de faire, nos manières de prendre des décisions et d'agir. Car si la diaconie est un service, elle est d'abord et avant tout un état d'esprit. »

Laurent Grzybowski 

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