Joyeuse Fête de Pâques 2012
06 avr. 2012
Marie-Madeleine a versé un nectar « de grand prix » sur les pieds de Jésus, signe d’amour et parfum « d’éternité ». Elle est, avec Marie, le premier témoin de sa « résurrection »
Avec les avalanches des mauvaises nouvelles : la crise économique et sociale qui frappe notre pays et au-delà de nos frontières, la guerre en Syrie, en Afrique, en Afghanistan … la maladie ou le décès de personnes proches, le chômage.. la liste noire est lourde de tous les malheurs !
Et lorsqu’on prend une minute pour se poser, la question arrive vite à notre esprit : où va la terre, où va le monde et où allons-nous ? Alors bien sûr il y a façon de traiter la question avec des grandes considérations savantes !
Mais à l’approche de Pâques, je vous invite à repartir de l’origine même de notre foi : nous laisser entrainer à la suite de ces deux premiers témoins de la résurrection, deux femmes en deuil, Marie-Madeleine et Marie, qui sont venues au tombeau embaumer le corps de Jésus mort depuis 3 jours. La pierre est roulée et Jésus n’est plus là. L’ange les interpelle : « Il est vivant. Il est ressuscité, il vous précède en Galilée ! ( la Galilée est à l’époque de Jésus le Carrefour des peuples et des cultures, une région particulièrement « vivante » du moyen Orient ) ».
Si l’on demande à l’homme de la rue si « résurrection » veut dire quelque chose pour lui, vous avez trois chances sur quatre d’avoir une réponse négative. Ressuscité est un mot « éloigné » de nos représentations et de nos considérations souvent très « utilitaires » !
Mais si vous demandez à ce même homme de la rue s’il connaît des personnes qui ont toutes les raisons d’être malheureuses et qui pourtant sourient chaque jour à la vie, vous êtes sûr qu’il vous répondra qu’il en connaît, bien entendu.
Je vous citerai deux exemples : Laetitia ; 31 ans, qui travaille à Evreux dans un Lycée alors qu’elle est atteinte de la mucoviscidose. Elle communique sa « rage de vivre » et elle remet « les pendules à l’heure » ne serait-ce que par sa présence, son énergie et son sourire dans un univers plutôt porté vers la banalité et la mesquinerie !
Emmanuel, un jeune Congolais de 20 ans, qui a subi les exactions et les horreurs de la guerre dans son pays. Aujourd’hui il se reconstruit ici grâce à ses études et à la solidarité de la communauté chrétienne. Il est l’un des meilleurs élèves de sa classe de Baccalauréat Professionnel et il participe à l’animation des messes du dimanche dans sa paroisse.
Pourquoi à votre avis sont-ils debout ? (ressusciter veut dire littéralement : « se lever », « se relever » !) Parce qu’ils sont « vivants », parce qu’ils croient que l’amour est le plus fort !
Et si croire à la « résurrection cela voulait dire d’abord « croire à la vie », « choisir la vie » ?
Croire que nous n’allons pas à notre perte, au néant… mais que le meilleur de nous même ne sera pas perdu.. « Car l’amour ne passera jamais » !
Vivre c’est aimer… vivre pour aimer …
Voila le secret de la vie….
Secret qui nous conduit au delà de la mort.
En abordant ces trois jours de Pâques, en commençant par le Jeudi saint, nous abordons ce choix fondamental et décisif de Jésus !
« Aimer c’est tout donner, c’est se donner soi-même ». C’est un chant connu dans nos églises.
Jésus « donne sa vie ». Certains diront « il se sacrifie ». Qu’est-ce que ça veut dire ! Est-ce que ça veut dire qu’il disparaît derrière une grande idée et qu’il n’est plus « lui-même » !
Non bien évidemment, Jésus en nous donnant sa vie, nous livre le secret du bonheur. Connaissez-vous cette expression : « le bonheur il n’est pas nécessaire de l’avoir pour pouvoir en donner. C’est justement en le donnant qu’on l’acquiert ». On pourrait penser que cette citation nous vient de l’un des grands penseurs de l’Eglise ! Eh bien non elle est de « Voltaire » qui n’a rien d’un « pilier d’Eglise » et elle touche à ce qu’il y a d’essentiel et de vital !
L’amour est seul capable d’ouvrir des brèches, de percer les murs de nos prisons, de nos peurs, de nos jugements a priori et de « s’aventurer sur le chemin du pardon.. » !
« Vivre déjà en ressuscités grâce au Christ ? Dans la force de l'Esprit, c'est faire du ciel sur la terre avec ses bras. Avec toute l'Eglise fragile du matin de Pâques, Jean qui croit, Pierre pas fier, Marie-Madeleine qui pleure et Thomas qui doute ; c'est découvrir à quel point seuls les saints transforment la jungle des forts en jardin pour tous ; c'est choisir de vivre autrement dès maintenant, comme des hommes et des femmes appelés à leur propre résurrection, « destinés à la vie éternelle » (Ac13,48), et croire, […] que le Père veut pour chacun de nous, comme pour son propre Fils, un bonheur inimaginable et sans limite. » (1)
A toutes et à tous, Joyeuse et Belle fête de Pâques !
Denis Chautard