Noel2011 

 

Cela fait froid dans le dos et bouleverse d'indignation, cette phrase du psaume 137/9 :  « Babylone ! Heureux qui saisira tes nourrissons pour les fracasser sur les rochers ! » Pourquoi tant de haine ? C'était une pratique fréquente, lors du pillage des villes vaincues, dans les siècles précédant la naissance de Jésus. On tuait les nourrissons comme des serpents dans l’oeuf. Les Hébreux sont en exil à Babylone, après la destruction du Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor, en 587 avant Jésus Christ et ils appellent sur leur ennemi la malédiction du Dieu Tout Puissant.

Des siècles plus tard, Hérode, se voyant joué par les Mages, entra dans une grande fureur et envoya tuer dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans (Matthieu 2/16). Le pouvoir menacé est capable des crimes les plus abjects.

La haine peut être sans pitié. L’indifférence aussi. Qui d’entre nous n’a pas dans les yeux ces enfants de la corne de l’Afrique, les membres décharnés, les yeux ternes, des morts encore vivants. La solidarité momentanée qu’ils suscitent ne résout pas les problèmes de la répartition des richesses dans le monde où quotidiennement, des innocents sont encore massacrés.

Et Dieu s’est fait l’un d’eux. Qui y a t-il de plus fragile qu’un nouveau-né ? Les bébés de plâtre de nos crèches le montrent très éveillé et souriant... comme le sont des enfants de plusieurs mois. Marie Noël est plus proche de la vérité quand, dans sa Berceuse de la Mère de Dieu, elle fait dire à Marie :

 

Mon Dieu qui dormez faible entre mes bras,

Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,

J’adore en mes mains et berce étonnée,

La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.

 

Dieu, que l’on continue d’appeler, à tort, Tout Puissant, se donne à voir comme entièrement dépendant de l’homme pour vivre, comme Jésus, nouveau-né, les yeux et les poings fermés, enveloppé de la tendresse de deux pauvres en voyage loin de chez eux.

C'était un beau mois d’août. Je me promenais sur le rivage d’une petite île du golfe du Morbihan avec les parents de Paul et de Lucile qui gambadaient sur la plage en toute insouciance, sans perdre de vue leurs parents. À un moment sans rien dire, Paul, 5 ans est venu glisser sa main dans la mienne, dans un geste de confiance spontanée.

Eh bien, je crois que c'est ça Noël : Dieu qui glisse sa main d’enfant dans la main de l’homme. La main d’un enfant qui se glisse dans la main d’un adulte est la plus belle crèche que je connaisse. À l’opposé radical des religions païennes qui demandent constamment la protection des dieux, c’est Dieu qui demande à l’homme sa protection, qui se livre entre ses mains, faible, fragile comme un nouveau né. Dieu s’en remet totalement à l’homme pour grandir dans le monde. Il est à sa merci. Il nous dit : “Plus les hommes grandiront en humanité, plus ils me ressembleront puisque je les ai créés à mon image.”

Noël, c’est la fête d'un Dieu qui a besoin de nous. Et pour un chrétien, c’est Noël tous les jours ! Bonnes fêtes!

 

Roland Chesne Prêtre à Vernonnet (Commune de Vernon, Eure)

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