L'appel à la paix de l'archevêque de Bangui
10 déc. 2013
Il est l'un des hommes le plus respectés du pays, toutes confessions confondues. Chaque jour, Mgr Dieudonné Nzapalainga, le jeune archevêque de Bangui (il a 46 ans), vient rendre visite aux quelque 2000 réfugiés qui se terrent dans la paroisse Saint-Paul, dans la capitale centrafricaine. Chaque jour, il sillonne la ville à la rencontre de "ses" troupes, pour les exhorter à ne pas répondre à la violence par la violence.
Fils de petits paysans de l'est de la Centrafrique, où musulmans et chrétiens vivent ensemble depuis des générations, l'homme parle avec des mots simples et célèbre la messe en sango, la langue du peuple.
Et, inlassablement, que ce soit à ses fidèles, ou aux auditeurs de Radio France Internationale, aux téléspectateurs de BFMTV il répète qu'il condamne toute "récupération politique": "Tous les chrétiens ne sont pas des anti-balaka (miliciens chrétiens) et tous les musulmans ne sont pas des Séléka", martèle l'homme d'Eglise.
Dimanche 8 décembre après la messe, l'archevêque de Bangui, au micro de i-télé, a demandé aux chrétiens de "prôner la paix, de prôner le pardon et de ne pas se retrouver entraînés dans le cycle de vengeance". Il a conclu en invitant tout le monde " à garder le calme."
Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, arrivés au pouvoir en mars avec à leur tête l'actuel président Michel Djotodia, venus du nord du pays et pour la plupart musulmans, beaucoup de Centrafricains, très majoritairement chrétiens, aspirent à la vengeance. Cette colère des populations contre les Séléka, s'est traduite en septembre par la constitution de milices d'autodéfense paysanne, les anti-balaka ("anti-machettes"). Elle s'est progressivement reportée contre les civils musulmans, avec massacres et cycle infernal de représailles.
"La République centrafricaine appartient à tous ses enfants", répète l'archevêque, qui s'est réjouit de l'arrivée des militaires français pour procéder au désarmement des milices et rétablir, dans un premier temps déjà, un semblant de paix.
ANNE-CÉCILE JUILLET