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Voici le texte de l’intervention du Cardinal Bergoglio avant qu’il ne soit élu pape lors des congrégations qui ont précédé le conclave. Ce texte a été transmis à zenit.org par le Cardinal Jaime Ortega de Cuba avec l’autorisation du pape François :

 

La douce et réconfortante joie d’évangéliser

On a parlé d’évangélisation. C’est la raison de l’Eglise. « Gardons la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque qu’il faut [...] soit annoncé et l’Eglise implantée au cœur du monde » (Paul VI). C’est Jésus Christ qui, de l’intérieur, nous y pousse.

1) Evangéliser suppose un « zèle » apostolique. Evangéliser suppose dans l’Eglise une parésie (témoignage, ndr) d’elle-même. L’Eglise est appelée à sortir d’elle-même et à aller dans les périphéries, les périphéries géographiques mais également existentielles: là où réside le mystère du péché, la douleur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux, la pensée, sont méprisés, là où sont toutes les misères.

2) Quand l’Eglise ne sort pas pour évangéliser, elle devient autoréférentielle et tombe malade (cf. La femme toute courbée repliée sur elle-même dont parle Luc dans l’Evangile (13,10-17). Les maux qui, au fil des temps, frappent les institutions ecclésiastiques sont l’auto-référentialité et une sorte de narcissisme théologique. Dans l’Apocalypse, Jésus dit qu’Il est à la porte, qu’il frappe à la porte. Bien entendu, le texte se réfère au fait qu’il frappe à la porte de l’extérieur pour entrer... Mais je pense aux moments où Jésus frappe de l’intérieur pour le laisser sortir. L’Eglise autoréférentielle prétend retenir le Christ à l’intérieur d’elle-même et ne le fait pas sortir.

3) Quand l’Eglise est une Eglise autoréférentielle, elle croit involontairement avoir la lumière, une lumière qui lui est propre. Ce n’est plus la certitude de viser le mysterium lunae, elle va au contraire vers un mal très grave dont on connaît le nom : «la  spiritualité mondaine » (Selon Lubac, c’est le pire mal qui puisse arriver à l’Eglise). L’Eglise vit pour donner la gloire des uns aux autres. Bref ! Il y a deux images de l’Eglise: l’Eglise évangélisatrice qui sème « Dei Verbum religiose audiens et fidenter proclamans »  et l’Eglise mondaine qui vit replie sur elle-même et pour elle-même. Cette analyse devrait apporter un éclairage sur les changements et réformes possibles qui doivent être faites pour le salut des âmes.

4) Pensant au prochain pape, il faut un homme qui, de la contemplation et de l’adoration de Jésus Christ, aide l’Eglise à sortir d’elle-même vers la périphérie existentielle de l’humanité, pour qu’elle devienne  mère féconde de la « douce et réconfortante joie d’évangéliser ».

Cardinal Jorge Maria Bergoglio sur l’évangélisation

Traduction d'Océane Le Gall

www.zenit.org

 

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