Cardinal Tagle   

Il est apprécié des Philippins pour son engagement en faveur des pauvres et sa simplicité. Si Luis Antonio Tagle, cardinal du seul grand pays catholique d'Asie, succède à Benoit XVI le mois prochain, une hypothèse réaliste, il deviendrait alors le premier pape asiatique.

Dans cette nation très catholique, héritage de trois siècles de colonisation espagnole, Tagle, 56 ans, passe auprès de ses ouailles pour un homme humble, engagé aux côtés des plus pauvres.

La hiérarchie catholique, elle, le considère comme un progressiste modéré dans un pays où l'Eglise reste influente et très conservatrice.

Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille et nommé cardinal en novembre dernier, a refusé de commenter ses chances de devenir le successeur de Pierre à Rome.

Lors d'une conférence le week-end dernier, il a insisté sur la nécessité pour les dirigeants de l'Eglise d'aller à la rencontre des gens de leur communauté, et notamment des jeunes.

"Les gens veulent être en relation", a-t-il déclaré. "C'est le fondement de la foi, être en relation avec Dieu, être en relation avec les autres, avec l'Eglise. Nous devons revenir à ce principe de base".

Ses discours au fil des ans ont souvent souligné le besoin d'une Eglise humble, plus ouverte aux inquiétudes des populations.

Né le 21 juin 1957 à Imus, à l'époque un bourg rural à deux heures de Manille, Tagle a grandi dans une famille modeste et profondément croyante.

"Il était toujours le premier en classe. Il voulait aider les pauvres dès son plus jeune âge", se souvient le Père Roméo Ner, 72 ans, un de ses mentors, qui souligne également l'intelligence et la discipline dont faisait preuve l'enfant.

"J'étais étonné car il pouvait réciter le rosaire et tous les mystères dès l'âge de trois ans", assure le religieux auprès de l'AFP.

Jeune prêtre, Tagle s'engage dans le soutien aux paroisses les plus pauvres, où il acquiert le goût pour les pattes de poulet grillé, un snack populaire dans les bidonvilles.

"Donner aux plus pauvres leur véritable dignité est sa passion. Il les aime vraiment", ajoute Ner, vicaire général de la ville natale du jeune homme, devenu à 44 ans un des plus jeunes évêques du pays, en 2001.

"Lorsqu'il a été élevé au rang de cardinal l'an dernier, je lui ai demandé s'il se rendait compte qu'il était à présent le plus haut dignitaire de l'Eglise dans le pays", raconte le prêtre. "Il a simplement répondu +oui+ mais je n'ai pas l'impression que ça l'émouvait particulièrement. C'est quelqu'un de très humble qui fuit toute marque d'attention".

Le vaticaniste Sandro Magister a écrit récemment que Tagle pourrait devenir le premier pape issu du Tiers monde, en l'absence, selon lui, de figures plausibles en Afrique et Amérique latine, où vivent la majorité des catholiques du monde.

Un argument en faveur de Tagle est la volonté de l'Eglise de se renforcer en Asie, qu'elle considère comme un futur pilier de la foi catholique, notait Magister dans le journal italien L'Espresso.

Tagle est considéré comme appartenant à la frange progressiste du Vatican mais Benoît XVI, pourtant conservateur, appréciait "l'équilibre de sa vision et son respect de la doctrine", ajoute le vaticaniste.

Lui aussi souligne la proximité que sait établir le cardinal avec ses ouailles les plus défavorisés. "Il est frappant de voir comment l'évêque agit, en vivant simplement et en se mélangeant avec les gens les plus humbles, animé d'une grande passion pour sa mission et la charité", écrit Magister.

Les agences de paris classent Tagle parmi les favoris. Un bookmarker irlandais le place à 16 contre un.

Les Philippines sont derrière "leur" évêque. "S'il devient pape, ce sera une perte pour nous, mais un gain pour le Vatican et le monde catholique", affirme Ner, résumant le sentiment des responsables politiques et religieux, ainsi que de la presse du pays. 

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