Le Pape François dévoile ses ambitions
31 août 2013
ANALYSE - En attendant l’automne et les propositions de la commission qu’il a créée, le pape a commencé à dévoiler son programme...
L'automne s’annonce actif pour François. Si le pape argentin engage l’ensemble des chantiers qu’il évoque ces derniers temps, des changements sont en vue dans l’Église catholique. Au Vatican, certains s’inquiètent déjà d’un patron qui ne prend de gants avec personne.
Le texte programmatique le plus dense de ce début de pontificat fut sans doute celui prononcé devant le comité de coordination des Conférences épiscopales d’Amérique latine et des Caraïbes (Celam), à Rio, en marge des JMJ.
Devant ses anciens collègues, François a égrené un questionnaire réquisitorial : « Faisons-nous en sorte que notre travail et celui de nos prêtres soit plus pastoral qu’administratif ? Qui est le principal bénéficiaire du travail ecclésial, l’Église […] ou le peuple de Dieu dans sa totalité ? Nos homélies sont-elles proches de l’exemple de Notre Seigneur […] ou sont-elles simplement théoriques, éloignées, abstraites ? »
« BÂTISSEUR DE PONTS »
Fustigeant le « cléricalisme », le pape a fourni une exigeante fiche de poste pour évêques : « proches des gens », « aimant la pauvreté », « pas ambitieux ». Il a également dénoncé « des pastorales qui privilégient les principes […] sans proximité, sans tendresse, sans caresse ».
Si chers à Benoît XVI, les courants néo traditionnels sont pourfendus, taxés de vouloir « la restauration de conduites et de formes dépassées qui n’ont pas même culturellement la capacité d’être significatives ». Dans le même sens, François a exigé des membres d’une communauté nouvelle (1) l’accord de l’évêque local pour célébrer selon la liturgie ancienne.
Ces questions, comme d’autres, sont au menu du groupe de huit cardinaux, nommé en avril pour faire des propositions de réforme, dont la première rencontre avec le pape est prévue début octobre. Le synode des évêques devrait y être rénové et la pastorale du mariage serait sur la table.
Ce qui fait naître quelque espoir, après que, dans l’avion de retour du Brésil, le pape François a dit apprécier la pratique des orthodoxes permettant à des divorcés remariés de communier. Une évolution sur la question ferait passer le jésuite argentin de catalyseur d’espérance au rang de grand pontife, c’est-à-dire de « bâtisseur de ponts ».
Philippe Clanché
(1) Les Frères franciscains de l’Immaculée.