chinoise musulmane

La mosquée de Lulan à Lanzhou, la capitale de la province du Gansu, est réservée aux femmes. Elle n'est pas unique : Zhengzhou, la capitale provinciale du Henan, compte pas moins de 19 mosquées de ce type. D'après l'Association islamique chinoise (AIC), le nombre exact de ces mosquées n'est toutefois pas connu, car elles dépendent en général d'autres lieux de culte et ne sont donc pas répertoriées en tant que telles.

Des écoles coraniques pour femmes ont été créées en Chine sous la dynastie des Ming (1368-1644). Celles-ci se sont développées et transformées sous la dynastie suivante, celle des Qing (1644-1911), en mosquées pour femmes, dirigées par des femmes imames. Durant la Révolution culturelle (1966-1976), l'islam fut persécuté comme toutes les autres religions. Les institutions islamiques officielles - par exemple l'AIC - furent rétablies dans les années 1980, les mosquées furent restaurées et reconstruites, à tel point qu'il y en aurait désormais plus qu'avant l'arrivée du Parti communiste au pouvoir en 1949. 

23 millions de musulmans

La Chine compte quelque 23 millions de musulmans, les 11 millions de Hui étant la communauté la plus importante. Seule la religion distingue les Hui, sinophones, des Han, l'ethnie majoritaire qui représente 92 % de la population. Plusieurs autres des 56 ethnies reconnues officiellement par les autorités sont  de confession islamique, comme les Ouïgours (8,5 millions) du Xinjiang, turcophones.

D'après un chercheur de l'Académie des sciences sociales du Henan, le nombre des femmes imames a rapidement augmenté dans la communauté musulmane chinoise. Les mosquées pour femmes se situent essentiellement dans la grande plaine du nord (provinces du Henan, Hebei, Shandong et Anhui). Dans le nord-ouest du pays (provinces du Ningxia, Gansu, Qinghai, et Xinjiang), la participation des femmes aux rituels est plus limitée, aussi les mosquées pour femmes y sont-elles moins nombreuses. Ainsi, la mosquée de Lulan à Lanzhou a été construite en 1956 par des femmes musulmanes venues du Henan.

Les prérogatives des imames sont moindres que celles de leurs confrères masculins. Elles ne peuvent, par exemple, diriger les prières quotidiennes. Celles-ci sont quelquefois    retransmises d'une mosquée voisine « traditionnelle », où les prières sont dirigées par un homme. Ces restrictions illustrent, d'après Jin Rubin, le secrétaire général de l'AIC, le fait que si les mosquées de femmes existent, elles restent peu courantes, et elles sont considérées comme des annexes de lieux de culte masculins.

« L'AIC ne fait ni la promotion, ni ne condamne les mosquées de femmes, déclare Jin Rubin au quotidien China Daily, car certains pensent que cela représente l'opportunité d'une plus grande égalité entre hommes et femmes, mais d'autres plus conservateurs s'en tiennent à la ligne traditionnelle. Ce qui est sûr, c'est que ces mosquées permettent aux femmes d'avoir un meilleur niveau d'éducation ce que l'islam encourage » (photo AFP).

Patricia Zhou

 

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