SoixanteDouze

L’évangile de ce jour nous présente l’envoi des 72 disciples. Si on parle régulièrement des successeurs de Pierre et des 12, on parle rarement des successeurs des 72. Qui sont-ils ces disciples envoyés deux par deux partout où Jésus souhaite entrer ? Et bien, c’est assez simple à comprendre, c’est vous et moi ! Oui, le message que nous laisse cet évangile est clair : la mission chrétienne n’est pas l’affaire de quelques-uns, Pierre, les douze et leurs successeurs ! La mission est l’œuvre de tous les chrétiens. C’est notre œuvre, si nous y manquons, il manquera quelque chose à l’œuvre de Dieu.

Nous sommes envoyés deux par deux : la première mission est de faire communauté, de vivre l’amour de Dieu au cœur de nos relations. Comment en témoigner sinon par la vie fraternelle. La première mission est un geste : marcher, marcher ensemble. Cela invitera à composer : l’un est rapide, l’autre plus lent, l’un aime s’arrêter, l’autre préfère aller droit au but. Dans la vie fraternelle qui se tisse sur la route, la route qu’est notre vie, se dit quelque chose du Royaume.

Nous sommes envoyés deux par deux, devant Jésus, là où il souhaite aller. Il s’agit de lui préparer le chemin, non point d’envahir la place. Il s’agit d’ouvrir les cœurs, non de les encombrer de notre présence. Le messager sera humble, qui prépare le chemin, et s’efface devant celui qui vient.

Nous sommes envoyés dans le dépouillement : il ne faut emporter ni sac, ni argent, ni sandales... : la première préparation à la mission est dans ce dépouillement. Un dépouillement extérieur qui nous fait rejoindre notre  pauvreté intérieure. Voilà qui lèvera toutes les objections de tant de nous, qui sommes tentés de dire : mais qui suis-je pour porter la mission de Jésus, c’est bon pour le pape et les évêques. Non, accueille ta situation de manque, de pauvreté comme partie intégrante de ta condition humaine, que Jésus lui-même a embrassée. Cela te donnera de venir non en envahisseur, non en tout-puissant, mais en tout aimant. Tu seras par là, annonce de la Bonne Nouvelle. Va, les mains vides, à la rencontre de tes frères et sœurs.

Là où vous entrerez, dites d’abord paix à cette maison. D’abord et avant tout, ne commence pas par un discours, une homélie, mais par un salut tout humain. Sois d'abord relation : « paix »,  « shalom » était la manière juive de souhaiter un beau et bon jour, un jour de calme, un jour de paix. Retrouve le sens du "bon jour", une véritable salutation où l'on désire vraiment que la journée soit bonne à celle ou celui qu'on salue. Et ce n'est sans doute pas pour rien que ce "bon jour" était décliné chez les juifs par "paix à cette maison"…  Artisan de paix, rien que par cette humanité, voilà une première et importante mission, la porte d’entrée de la mission… Cela doit nous faire réfléchir... Comment être porteur de paix ? D’abord en la recevant, au plus profond ! en être transfiguré ! IL nous faut prendre le temps de nous tenir longuement en présence du Seigneur, pour le recevoir lui qui est notre paix, pour ensuite, l’offrir! Nous allons tantôt être invités à recevoir la paix du Seigneur, pour ensuite nous la transmettre. Que cette célébration nourrisse en nous la paix du Seigneur, et nous serons ensuite envoyés tous et toutes, sur le chemin de nos vies, porter cette paix, annonce de Jésus qui vient. 

Thérèse Marie DUPAGNE, Moniale et Prieure Bénédictine

Monastère Notre Dame d’Hurtebise (Ardennes Belges)

 

Lien à la Source

 

Retour à l'accueil