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 « Rodrigue, as-tu du cœur ? » Phrase bien connue du Cid, tragi-comédie de Corneille. Elle a donné lieu à des plaisanteries. Ni théâtrale, ni plaisanterie, la fête du Sacré Cœur que l’Eglise nous fait solenniser en ce jour. Elle veut ouvrir nos cœurs à l’amour infini de Dieu, révélé tout particulièrement en Jésus Christ. De sa part est née l’espérance de voir cet amour pénétrer le cœur de tous les humains pour bâtir un monde de paix, de justice et de liberté dont l’épanouissement adviendra à la fin du monde. Le Paradis sera le triomphe final de l’Amour sur l’Adversaire satanique et la mort.

Auparavant l’humanité connaît, depuis sa création, un monde où se présentent nombreux, des cœurs de pierre , de mensonge, de haine et de violence, obstacles pour un monde meilleur. Seuls les « cœurs de chair », remplis d’amour, peuvent unifier et rendre heureux individuellement et collectivement.

Un cœur nouveau, ouvert au cœur de Jésus, c’est ce que recommandait Jean Paul II à l’occasion de cette même fête : « C’est auprès du Cœur du Christ que le cœur de l’homme apprend à connaître les sens véritable et unique de sa vie et de son destin. C’est auprès du Cœur du Christ que le cœur de l’homme reçoit la capacité d’aimer ». (…)

La liturgie de ce jour, avec la parole de Dieu, a recours à une parabole, toujours parlante avec la télévision et les fêtes agricoles : l’image du berger et de son troupeau de brebis. La brebis, animal doux et plutôt faible : c’est l’homme en son état dans l’univers : « l’homme n’est qu’un souffle » dira un psaume. La brebis vit en troupeau, l’homme n’est vraiment homme qu’en communauté, familiale, associative, religieuse, nationale, mondiale.

Le berger ? Le Seigneur, Le Christ. Sa démarche ? Comme le signale Ezékiel (1ère lecture) « faire paître dans un bon pâturage », « sur les hauteurs d’Israël », promesse du Paradis à l’horizon du chemin à parcourir. Le troupeau-communauté n’est pas toujours soudé, au complet : « c’est moi qui le ferait reposer, déclare le Seigneur Dieu » ; la brebis perdue, je la chercherai, l’égarée je la ramènerai … blessée, je la soignerai ; faible je lui rendrai des forces ». Tout cela s’applique à la conduite de l’humanité. Le Psaume indique que « le Seigneur est mon berger » et qu’avec lui « rien ne saurait me manquer », jusqu’à « traverser les ravins de la mort ».

Avec l’Evangile (Luc 15, 3-7) la parabole donne à l’amour un sens extraordinaire. Jésus révèle la joie immense du Seigneur quand une brebis perdue est retrouvée, « plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion ». Dans sa joie « il réunit ses amis et ses voisins ». St Paul (2ème lecture) nous redit que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint et que « le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs ». Sa mort en croix est preuve éclatante de son amour, et promesse de participation à sa résurrection. Qui dit mieux en amour ?

 Toi, qui que tu sois, as-tu du cœur ? Puisons dans l’Evangile pour nous aider à répondre : « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5, 8) – « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). « Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre » (Jn 14, 27). N’aurions-nous pas à témoigner par notre vie de cet amour puisé en Jésus ? Bon berger, pain de vie, source abondante de l’amour, il a créé l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et sa résurrection. Quelle joie de nous y unir ! Quelle grâce à rendre au Seigneur en notre messe dominicale, comme si possible, dans l’adoration du St Sacrement.« Marie conservait avec soin tous ces souvenirs (l’Annonciation et la suite de sa vie avec Jésus) et les méditait dans son cœur » (Luc 2, 19). Qu’elle nous aide à une semblable méditation de chrétiens fidèles à son Fils , et faisons lui confiance pour l’accueil au Royaume de l’Amour, parce que nous aurons su Aimer !

Jean Compazieu

 

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