Mgr Georges Pontier, un président, vraiment, pour tous
18 avr. 2013
Unanimement apprécié, bon connaisseur du dialogue interreligieux et de l'Amérique latine, le nouveau président de l'Épiscopat français est l'homme idoine pour apaiser les tensions actuelles.
L’Église catholique de France va à l'inverse du football national : un « Marseillais » succède à un « Parisien » à son sommet. Georges Pontier, bientôt 70 ans, a été élu par ses pairs pour remplacer, en juillet, André Vingt-Trois à la présidence de la Conférence des évêques de France.
En ces temps de tension dans le monde catholique, la nomination de ce Tarnais tranquille est une vraie bonne nouvelle. Elle signifie que le courant identitaire et restaurateur dans l'Épiscopat, qui orchestre la mobilisation autour du « mariage pour tous », n'a toujours pas pris le pouvoir. Mgr Pontier a fait le minimum pour s'opposer à la loi Taubira. Pour lui, évêque d'une cité en difficulté économique, un pasteur a autre chose à dire que de défendre une anthropologie étroite et stigmatisante.
Évêque de Digne (1988), puis de La Rochelle (1996), avant de rejoindre Marseille en 2006, Georges Pontier a fait partout l'unanimité. « Un homme très attentif aux prêtres et à la communication entre eux et lui, décrit un de ses anciens collaborateurs, vicaire épiscopal, à La Rochelle. Il a poursuivi le travail de son prédécesseur pour la cohésion entre prêtres, diacres et laïcs en responsabilité pastorale. Il ne cherche pas le pouvoir ». Un évêque qui sait mettre en scène les grands moments de son diocèse, comme en 2000 quand il a organisé l’ordination de trois prêtres dans les arènes de Saintes.
Réseau d'influence
« Il ne me semble pas faire partie d'un quelconque réseau d'influence, confie notre témoin charentais. Ce qui me paraît être un atout pour avoir les mains libres. »
Sans doute, son caractère « non aligné » a-t-il joué en sa faveur, tout comme sa discrétion, soulignée partout comme une qualité. Le corps épiscopal se méfie des « grandes gueules » du style de Philippe Barbarin (Lyon) ou Dominique Rey (Fréjus-Toulon), comme des « intellos » de la trempe de Claude Dagens (Angoulême) ou Hippolyte Simon (Clermont-Ferrand).
Reste à savoir si les médias préfèreront son accent méridional affirmé aux propos souvent tonitruants du cardinal de Lyon, toujours prêt à répondre à l'appel du micro, ou à ceux plus diplomatiques d'André Vingt-Trois (1).
Dialogue interreligieux
Son expérience marseillaise, ville cosmopolite par excellence, va sans doute donner un coup de fouet salutaire au dialogue interreligieux, notamment avec l'islam. Nos prélats sont très divisés dans leur vision des relations avec les musulmans (2). Être traité « d'islamophile » par l'extrême-droite, comme Mgr Pontier le fut, est un sésame en la matière.
Enfin, à travers Georges Pontier, l'épiscopat a placé à sa tête un bon connaisseur d'un continent très en vogue en milieu catholique aujourd'hui : l'Amérique latine. Président du Comité épiscopal France-Amérique latine (3), il y a visité, entre 1993 et 1999, tous les prêtres, religieux et laïcs français en mission fidei donum. L'évêque a pu y observer comment l'Église peut être présente auprès du peuple avec des bouts de ficelles et peu de bras. Gageons qu'il saura en tirer de bonnes idées pastorales pour ce qui attend nombre de diocèses de France aux caisses vides et aux séminaires clairsemés.
Philippe Clanché
Témoignage Chrétien
(1) Des médias italiens ont évoqué son nom parmi les possibles secrétaires d'État du pape François.
(2) Voir sur cette question notre entretien avec Mgr Dubost, président du Conseil épiscopal pour les relations interreligieuses
(3) Le Cefal a été rebaptisé depuis Service national de la Mission universelle de l'Eglise – Pôle Amérique latine.